Comprendre le sommeil chez les adolescents permet d’éviter les troubles du sommeil. En mettant en place de bonnes habitudes, tout en respectant les besoins spécifiques des ados. Le tout est de responsabiliser l’adolescent. Pour cela, il faut comprendre ses besoins de sommeil, et savoir quand il est nécessaire d’intervenir. Si tu es du genre à dire tous les soirs à ton adolescent : “Il est temps que tu dormes”, cet article est pour toi.
J’ai rédigé cet article en tant qu’organisatrice de l’évènement inter-blogueurs “Carnaval d’articles vers un monde meilleur”, sur le thème Faire face aux changements.
Comprendre le besoin de sommeil chez les adolescents
Coucher tard, lever tard
A la puberté, l’horloge interne de ton adolescent est modifiée. Il n’est pas fatigué avant 23 heures : “Mais pourquoi j’irais dormir d’abord ?” Et le lendemain, il peine à sortir de son lit avant midi. Chaque week-end, tu as même l’impression qu’il dort tout le temps. Son attitude n’est ni de la fainéantise ou de l’égoïsme, ni de l’esprit de contradiction : c’est de la biochimie.
Vers treize ans, au moment de la puberté, la fabrication de mélatonine, hormone favorisant l’endormissement, est décalée dans le temps et peut provoquer des troubles du sommeil. Ce décalage incite ton adolescent à ne pas dormir, et donc à se coucher (beaucoup) plus tard.
A cet âge, si tu ne pratiques pas l’IEF – Instruction En Famille, ton enfant va au collège. Dans la plupart des systèmes éducatifs, les cours commencent trop tôt par rapport à ce décalage. Ton ado s’extirpe difficilement de son lit. Pour ne pas arriver en retard au collège, il va devoir négliger, soyons réaliste, au moins une partie de ce qu’il est censé faire le matin. Par exemple se laver, manger un bon petit déjeuner.
Tous les adolescents sont soumis aux mêmes règles de biochimie. Il est donc important d’expliquer au plus tôt à ton ado, si possible dès le collège, les conséquences logiques du manque de sommeil. Puis lui montrer le lien cause à effet : sommeil et croissance.
Dormir ne sert à rien : une idée fausse
Les adolescents, collégiens ou lycéens, ont besoin en moyenne de neuf heures de sommeil par nuit. Ces besoins varient autour de cette moyenne, d’une personne à l’autre.
Au sein d’une fratrie, il peut y avoir des couche-tard et des lève-tôt. Tu as certainement pris conscience de ces différences assez tôt. A l’âge de un an, mon fils aîné dormait moins d’une heure à la sieste, tandis que son cadet était capable au même âge de dormir à poings fermés pendant trois heures.
Seuls 15 % des ados dorment suffisamment
Les études réalisées sur le sommeil des ados révèlent que seulement 15% d’entre-eux dorment suffisamment. En réalité, plus de la moitié dorment moins de sept heures par nuit. Pourtant, la phrase qui revient en boucle dans leur bouche : “Je suis fatigué” rappelle à quel point le sommeil est essentiel pour leur bien-être, leur croissance, leur santé mentale, leurs apprentissages.
Le sommeil est un moteur puissant : un adolescent bien reposé pense mieux, comprend plus vite, et mémorise plus facilement que ses camarades de classe souffrant d’un manque de sommeil.
Les bienfaits d’un bon sommeil
Pour simplifier, un adolescent reposé n’est pas “à la ramasse”. Il est essentiel de comprendre qu’il est balloté entre le monde des adultes dont il ne comprend pas toujours les exigences, et le monde de l’enfance qu’il souhaite quitter. Il est donc important qu’il assimile les bienfaits d’un sommeil de qualité.
En effet, le sommeil :
- diminue aussi le stress,
- améliore le moral,
- favorise les talents de communication,
- renforce la santé,
- limite les risques de blessures et d’accidents.
Bien dormir permet aussi de rêver, d’accepter et d’intégrer les évènements de la journée. Le cerveau “digère”, assimile et mémorise ce que ton enfant a appris pendant la journée.
Ne pas souffrir de trouble du sommeil donne à ton adolescent l’énergie dont il a besoin dans sa journée. En tant que parent, tu peux l’aider à dormir suffisamment, en mettant en place des règles si possible à la pré-adolescence.
Risques provoqués par le manque de sommeil
Tu peux aider ton adolescent à prendre conscience des risques provoqués par le manque de sommeil, quitte à parler aussi de tes propres expériences :
- Baisse d’attention au volant, au même titre que l’alcool, induisant des risques d’accidents graves.
- Troubles de l’humeur, dépression.
- Douleurs.
- Automédication, prise abusive de caféine, véritable cercle vicieux car cela va l’empêcher de s’endormir.
- Incapacité à mémoriser, à retenir une information, et détérioration des résultats d’apprentissages.
- Ralentissement de la croissance.
Comprendre le besoin de structure du sommeil chez les adolescents
La fonction biologique du sommeil demande à ton ado de respecter son rythme biologique et de structurer son sommeil. Il doit développer une autorégulation, comme par exemple ne pas rester éveillé toute la nuit. Avoir dormi suffisamment est primordial pour suivre ses apprentissages, que ce soit au collège, au lycée, ou plus tard dans sa vie d’adulte.
Tu peux commencer par introduire l’idée de le réveiller le week-end, à une heure “raisonnable”. Fais-lui comprendre l’importance de ne pas se coucher trop tard. OK, c’est le week-end, mais il faut aussi être en forme pour bien démarrer la semaine suivante.
Ne t’attends pas à ce qu’il te remercie. Il va plutôt te dire : “Ne te mêle pas de ma vie”, ou : “C’est n’importe quoi, je gère très bien”. Mais cette structuration du sommeil est nécessaire. L’objectif est qu’il parvienne progressivement à le faire de lui-même, aussi bien le week-end que dans la semaine. Il doit comprendre que dormir toute la journée pendant le week-end n’est pas bon pour la santé.
“Demain dimanche, je vais essayer de me lever plus tôt” m’a dit récemment mon fils. Et d’ajouter : “Cela m’énerve de ne rien avoir le temps de faire dans la journée”.
Le dimanche doit lui permettre de se réveiller en douceur, de prendre un bon petit-déjeuner, de trainer sous la douche. Mettre à profit cette journée pour se jouer et se détendre, voire ne rien faire.
Aussi, n’oublie pas que la routine scolaire mène souvent à un déficit de sommeil. Le week-end, ton adolescent aura besoin d’un temps de récupération. Il ne s’agit pas de le réveiller à huit heures !
Mettre en place de bonnes habitudes de sommeil
Structure
Le changement de rythme de sommeil de ton adolescent peut te déranger. Le soir, tu avais l’habitude de te retrouver (enfin) seul(e) ou avec ton conjoint, pour souffler de ta journée. Maintenant, ton adolescent traîne dans le salon, monopolise le programme TV ou la salle de bains. Pire, il met la musique à fond dans sa chambre. En plus, tu te couches avant lui, donc tu ne sais pas s’il se couche à une heure raisonnable puisqu’il qu’il veille plus tard que toi.
Les enjeux du sommeil pour ton adolescent
Il est donc nécessaire de développer et d’insister sur les bienfaits du sommeil. Mettre en évidence les inconvénients de se coucher tard. L’encourager et l’aider à acquérir des comportements qui lui permettront d’avoir un sommeil adapté à son rythme. Il doit comprendre le mal qu’il fait à son corps et à son psychisme en ne respectant pas ses heures de sommeil.
Tout va être basé sur une relation de confiance.
Si ton adolescent n’a pas pris, ou a perdu ses bonnes habitudes de sommeil et qu’il en souffre, il n’est jamais trop tard pour l’aider à en changer. Si tu es dépassé par son attitude, éventuellement hostile, fais-toi aider par un professionnel de santé. Le message est parfois plus clair pour un ado quand il est transmis par une tierce personne.
Le sommeil : un besoin naturel
Focalise-toi seulement sur le facteur biologique du sommeil, auquel (presque) personne ne peut échapper. Ton ado n’est pas le super héros qui ne dort jamais et qui a toujours de l’énergie pour “sauver la planète” . Toi non plus d’ailleurs…
Quand tu lui fais remarquer qu’il ne dort pas assez, qu’il est donc en manque de sommeil, ne le juge pas : c’est un constat. Dis-lui que tu es là pour l’aider, pas pour le punir.
Commence à fixer un nombre d’heures de sommeil comme non négociable. Chaque jour, avance d’1/4 d’heure le moment du coucher, jusqu’à atteindre la bonne heure.
Explique-lui ses besoins naturels de sommeil : un minimum de dix heures par nuit pour un ado de treize ans, puis neuf heures par nuit pour un ado de quinze ans. N’hésite pas à lui rabâcher l’impact du sommeil sur sa croissance, son équilibre.
Observer la durée de sommeil moyenne de ton adolescent
Tu peux éventuellement observer sur une semaine, combien d’heures ton adolescent dort, sommeil de récupération du week-end inclus. En divisant le total par sept, tu auras un besoin moyen par nuit.
Exemple : Ton adolescent se couche les cinq soirs de la semaine à minuit et se lève à sept heures, soit sept heures de sommeil par nuit. Les deux nuits du week-end, il se couche à deux heures du matin et se lève vers treize heures, soit onze heures de sommeil par nuit.
Total = (7 x 5) + (2 x11) = 35 + 22 = 57 heures de sommeil sur la semaine.
Nombre d’heures de sommeil par nuit = 57 divisé par 7, soit un peu plus de huit heures.
Une mise en place progressive
Arriver à ce que ton adolescent dorme neuf heures par nuit risque de te prendre beaucoup de temps et d’énergie, mais ne t’inquiète pas, c’est le cas pour la plupart des adolescents.
Ton ado a des journées chargées et des devoirs à la maison. Il récupère le soir après le repas. Lui demander de se coucher progressivement plus tôt est possible. Sans trop empiéter sur son temps de loisirs.
Tu peux lui apprendre quelques techniques qui favorisent l’endormissement.
Organiser un espace pour dormir
Le lit n’est pas un bureau. Le temps passé au lit doit être associé à l’idée de dormir. Toute activité autre que dormir est contre-productive au sommeil et peut vraiment aboutir à des problèmes de sommeil. Au lit, pas d’activités qui stimulent le cerveau. Pour cela, ton ado doit disposer d’un espace de travail séparé de son lit.
Le téléphone portable n’est plus dans sa chambre par exemple à partir de 21 heures jusqu’à l’entrée en 2nde. Par la suite, conviens avec ton ado qu’il coupe son téléphone pour la nuit. Il a un magnifique radio-réveil qui fonctionne très bien 😉
Tu peux aussi mettre en place tous les arrangements possibles le matin pour permettre à ton adolescent de dormir le plus longtemps possible. Encourage-le par exemple, la veille au soir, à préparer son sac de cours, ses vêtements prêts à être enfilés, etc. L’année dernière, pour son entrée au collège, mon fils commençait tous les jours à huit heures. Je l’ai donc encouragé à préparer son sac la veille, d’autant plus qu’il partage sa chambre avec son frère qui commençait ses cours plus tard.
Montrer l’exemple : la bonne attitude face au sommeil
Aussi, sois toi-même un exemple de bonnes habitudes vis-à-vis du sommeil. Ton adolescent saura te faire remarquer que tu sacrifies tes heures de sommeil à cause de ton travail, des tâches familiales. Ou parce que tu regardes la télévision ou que tu joues à Candy Crush une bonne partie de la nuit. Il remarquera aussi que tu laisses ton smartphone sur ta table de nuit, pour vérifier tes emails une dernière fois.
Si tu modèles ton attitude face au sommeil, ton ado suivra. Toi aussi, tu dormiras mieux, et tu seras en meilleure santé. Depuis que mon fils aîné, qui partage sa chambre avec son jeune frère, se couche plus tard, et donc est avec nous dans le salon, j’éteins mon écran d’ordinateur avant 21 heures. Résultat, je dors mieux et mon mal de dos a diminué.
Favoriser le cycle du sommeil chez l’adolescent
Pour favoriser le cycle de sommeil, une attitude globale doit être mise en œuvre, par exemple :
- S’exposer à la lumière naturelle le matin en se levant.
- Sortir et s’exposer à la lumière du soleil pendant la journée.
- Manger à des heures régulières.
- Être actif physiquement.
- Éviter les petites siestes en fin d’après-midi.
- Supprimer les boissons énergisantes ou au cola après 16 h.
Evacuer le stress de la journée pour mieux dormir
Aussi, pour évacuer le stress de la journée, votre adolescent peut faire cet exercice de relaxation :
- Inspirer en comptant jusqu’à quatre.
- Retenir sa respiration et tendre tous ses muscles.
- Expirer en comptant jusqu’à six.
Tu peux t’entrainer à faire cet exercice avec lui, pour l’aider à adopter ce réflexe bénéfique.
Interrompre le train des pensées
L’astuce de compter les moutons avant de s’endormir, même si elle date un peu, vise à être pleinement attentif et à interrompre le train des pensées, par exemple “Est-ce que j’ai assez révisé pour le contrôle de Sciences Physiques ?”, ou “Je suis en retard sur mon exposé d’anglais”, qui empêchent ton adolescent de s’endormir.
Voici ce qu’il se dit : “Je n’arrive pas à m’endormir donc je suis fatigué. Je suis fatigué donc je ne vais pas faire les choses correctement. Si je ne fais pas les choses correctement, je ne vais pas pouvoir me réveiller pour aller en cours. Mes parents vont être en colère. Ils vont m’interdire d’aller au concert samedi prochain”.
Avant que ton adolescent ne s’en rende compte, il est une 1 heure du matin et il ne dort toujours pas. Afin d’éviter cela, tu peux lui proposer d’utiliser ses sens pour dérouter ses pensées, et s’ancrer dans le présent :
- “Il est 1 heure du matin, je suis réveillé”.
- “Je vois le plafond. Je vois les rideaux”.
- “J’entends une voiture dans la rue”.
- “Je sens la couverture sur mon corps et l’oreiller derrière ma tête”.
- “Je suis bien dans mon lit”.
- “J’ai encore beaucoup d’heures avant de me lever”.
Mettre en place des rituels du coucher
Ton adolescent ne peut pas contrôler l’heure à laquelle il va s’endormir, mais il peut construire un environnement idéal pour laisser place au sommeil. Voici quelques exemples :
- Éteindre les écrans au moins une heure avant de se coucher.
- Se mettre en pyjama.
- Baisser le chauffage dans la chambre (17°C est une température idéale pour dormir).
- Fermer les persiennes ou tirer les rideaux pour maintenir la chambre dans l’obscurité.
- Fermer la porte pour s’isoler des sources de bruits.
- Mettre une goutte d’huile essentielle de lavande sur son oreiller.
- Boire une tisane à la camomille.
- Écouter de la musique douce.
Pas de jeux électroniques dans le lit
La lumière bleue des écrans empêche la sécrétion de mélatonine (hormone déclenchant le sommeil), perturbant ainsi l’horloge biologique. De plus, les nouvelles technologies utilisées dans le lit empêchent la connexion dans le cerveau de votre ado entre : “Je suis dans mon lit” et “Je vais m’endormir”. La lumière bleue dégagée par son téléphone portable va bloquer la production de mélatonine : ton ado ne se sentira pas fatigué.
Des règles familiales à suivre par toute la famille doivent être établies. Par exemple, chaque membre de la famille doit placer ou mettre à charger son téléphone portable pour la nuit dans le couloir, la cuisine, ou le salon (voir l’article Acheter son premier téléphone portable à votre adolescent).
Les jeux électroniques, le téléphone portable, l’ordinateur, les réseaux sociaux doivent être arrêtés au moins 1 heure avant l’heure du coucher, et sortir du lit, voire de la chambre.
Ce sera alors l’occasion pour votre adolescent, de lire, de dessiner, d’écrire, d’écouter de la musique douce, etc.
Intervenir ou laisser faire ?
Reconnaître le manque de sommeil chez les adolescents
Pour reconnaître qu’un adolescent est en manque de sommeil, il faut avoir une vue d’ensemble :
- Ses résultats scolaires ont-ils chuté ?
- A‑t-il arrêté de voir ses amis ?
- A‑t-il du mal à s’entendre avec les autres ?
- Trouve-t-il des difficulté à gérer son stress ?
- Est-il anxieux, irritable plus que de raison ?
- N’arrive-t-il pas à rester éveillé pendant la journée ?
Si globalement, la réponse est oui, il faut agir. Parle à ton ado, incite-le à se confier. Il a peut-être des soucis qui l’empêchent de dormir. En cas de réelle insomnies, emmène-le chez le médecin.
Discuter avec ton adolescent
N’arrive pas bille en tête pour lui supprimer par exemple tous ses accès aux écrans. Dis-lui plutôt : “Je comprends que tu veuilles rester en contact avec tes amis, que tes devoirs te prennent beaucoup de temps le soir. De combien de temps as-tu besoin après avoir fini tes devoirs, pour tes activités électroniques ?”
La plupart des adolescents veulent réussir en classe, donc certains soirs ils travailleront tard. Demande à ton enfant de ne pas le faire systématiquement. Insiste sur le fait que les écrans doivent être mis hors tension à une heure raisonnable, pour tenir le coup toute la semaine.
S’il a (malheureusement) beaucoup de contrôles la même semaine, n’ajoute pas à son stress en lui reprochant de se coucher tard. Suggère-lui de s’organiser autrement pour ses devoirs, par exemple en mettant à profit ses heures d’études ou son temps libre pendant la journée.
Traiter les troubles du sommeil des adolescents
Même si ton adolescent ne présente pas tous les symptômes de trouble du sommeil, des actions peuvent être menées pour l’aider. Il est donc possible de consulter un professionnel, ou au moins son médecin traitant.
Dans le cas particulier de l’insomnie, les principales actions sont l’hygiène du sommeil, la relaxation, le contrôle des stimuli : “le lit, c’est pour dormir”, la régularité du sommeil sur la semaine.
Un médecin spécialiste du sommeil peut aider ton adolescent en adaptant ces techniques à son cas particulier. Par exemple, s’il reste au lit pendant des heures sans arriver à s’endormir, il lui proposera de se coucher plus tard. Si ton enfant est angoissé ou anxieux, il lui proposera d’apprendre à se relaxer.
La lecture est un excellent moyen de se détendre et de faire venir le sommeil. Demande à ton ado ce qu’il a envie de lire. Emmène-le dans une bibliothèque, une librairie ou une maison de la presse, pour choisir des livres ou des magazines.
Responsabiliser son adolescent sur son changement de rythme du sommeil
Prendre soin de son sommeil, comme prendre soin de son corps, cela s’apprend. Insiste sur l’importance du sommeil, que cela est critique pour sa santé physique, émotionnelle et comportementale.
Réveil difficile des adolescents
Laisse à ton adolescent la responsabilité de se réveiller seul, tout en t’assurant qu’il tient les horaires. Avoir un radioréveil éloigné de son lit l’obligera à se lever pour l’éteindre. Bien entendu, le téléphone portable est exclu de la catégorie réveille matin.
Laisse-lui également le choix de l’heure à laquelle il va positionner l’alarme de son réveil, la seule condition étant d’arriver à l’heure au collège ou au lycée. Un enfant en école primaire qui prend son temps pour prendre son petit-déjeuner s’adaptera très rapidement à ses horaires de collège, en remplaçant par exemple son bol de lait par un yaourt nature.
Petit-déjeuner déphasé
Ton adolescent n’a pas faim le matin en se levant. Manger lui donne même parfois envie de vomir. Essaye un compromis : au moins un yaourt, une biscotte et un jus de fruits. Demande-lui ce qui est le moins difficile à avaler pour lui, ou propose-lui un “en-cas” à emporter.
Je me rappelle qu’au lycée, pour dormir dix minutes de plus et parce que je n’avais pas faim, je partais le ventre vide, au grand désespoir de ma mère, pour attraper le bus de 7h05. Mais sans rien dans l’estomac, l’apprentissage n’est pas favorisé.
A la traine
Si ton adolescent a du mal à se mettre en route le matin, dis-lui qu’il ne doit pas empêcher les autres d’aller à leur propre rythme, par exemple en se rendormant dans les toilettes ou dans la salle de bain, porte verrouillée.
Ne lui demande pas non plus d’être joyeux au réveil. Il ne doit pas pour autant être désagréable ou blessant avec toi ou avec ses frères et soeurs. Je ne suis moi-même pas trop du matin, mais je m’astreins à répondre calmement aux sollicitations matinales : “Je ne suis pas trop en état de répondre, on en reparle plus tard”.
De mauvaise humeur après les cours
En sortant du collège ou du lycée, ton adolescent doit comprendre qu’un manque de sommeil peut le mettre de mauvaise humeur ou le rendre agressif. Il doit aussi réaliser que le comportement de son entourage n’en est pas responsable. C’est à lui d’y remédier en se couchant plus tôt, en comprenant l’importance d’avoir suffisamment d’heures de sommeil.
Il peut également s’aménager un “temps calme” à son retour à la maison pour récupérer. Et ensuite commencer ses devoirs pour se libérer la soirée au maximum.
Heures de sommeil des adolescents pendant le week-end
L’idéal est que ton adolescent prenne ses responsabilités vis-à-vis de ses (mauvaises) habitudes liées au sommeil. Se coucher très tard, en particulier le week-end, fait partie des plaisirs liés au fait de grandir.
Ton adolescent doit aussi avoir la liberté d’expérimenter et d’apprendre de ses erreurs. Heureusement, il réalisera que : “Dormir trop tard le week-end ne m’aide pas, alors je dois changer cela. Parce que je m’endors en cours le lundi”. Beaucoup d’adolescents sont assez motivés pour leur réussite scolaire et professionnelle, ils feront en sorte de s’adapter.
Permets-lui également de mesurer les conséquences de ses éventuelles mauvaises habitudes. S’il est complètement épuisé le matin d’un contrôle, apprends à le responsabiliser et ne vole pas à son secours en lui proposant de “l’excuser” auprès de son professeur. S’il a “oublié” de recopier le brouillon de son devoir de mathématiques, ne le fais pas à sa place.
Aide-le simplement en lui proposant de modifier ou d’ajouter certaines règles : “Ce soir, tu vas au lit à 22 heures, tu lis un peu et tu éteins la lumière. Et surtout, tu laisses ton téléphone portable dans le salon”.
Conclusion
J’espère que cet article t’aura permis de mieux comprendre le sommeil chez ton adolescent. Ce que tu considères parfois comme “la bataille du coucher” n’est pas entièrement de la responsabilité de ton adolescent. Il est “câblé” pour se coucher tard et se lever tard.
Ton rôle de parent est de le sensibiliser sur les effets néfastes du manque de sommeil. Le but est de travailler avec lui pour trouver ses propres solutions, qui lui permettent de s’endormir plus tôt. L’objectif est qu’il arrive à mettre en place plusieurs rituels du coucher qui l’aident à dormir plus, afin de pouvoir avancer, grandir. Et à se prendre en charge dans de bonnes conditions pour pouvoir progresser dans la vie.
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Crédits Jingle du podcast : babilOsapiens
Bonjour Carole,
merci pour votre article, je suis d’accord et pourtant un peu dubitative…
Moi aussi j’ai instauré des téléphones dans le salon le soir, et constaté plus d’une fois qu’ils disparaissaient dans la nuit (pourtant je suis une couche-tard). Et quand je confisquais les téléphones, il y avait toujours une tablette oubliée qui faisait l’affaire… A ma séparation, j’ai baissé la garde, et j’ai pensé qu’ils s’auto-réguleraient… mais mon fils aîné ayant besoin de peu de sommeil, ce n’est pas du tout le cas.
Ce n’est pas tout “négatif” (comme la télé en notre temps !), puisqu’il a un anglais excellent à force de regarder des films et des vidéos américaines… mais il ne lit plus.
J’aimerais revenir à “pas de téléphone” une heure avant de dormir, mais ils ont 15 et 17 ans.
Vous dîtes qu’ils aiment s’endormir en musique, ce qui est vrai, mais leur musique, ils l’ont dans leur téléphone.
Et pour le réveil, ma fille vient de retrouver 3 réveils dans ses affaires… aucun n’a fonctionné comme nous l’aurions souhaité (en gazouillant tous les matins). Alors, oui, il arrive un moment où le réveil du téléphone est bien plus pratique et fiable qu’un réveil du commerce…
Bref… la lutte contre les écrans est constante… d’autant qu’il est très difficile de donner l’exemple. Je travaille à domicile sur ordinateur, j’écris, donc éteindre les écrans une heure avant de dormir est pour moi assez compliquée…
Bonjour,
Voici mon expérience, pour compléter et peut-être donner des idées : mon fils aîné (il va avoir 16 ans) était au collège l’année dernière. Une des règles sur laquelle on a eu du mal à se mettre d’accord était de laisser le téléphone dans la cuisine (près de ma chambre et loin de la sienne) à partir de 21h30 en semaine, 22h30 le week-end ou pendant les vacances. Je devais souvent aller le chercher 🙂 Parfois mon fils se relevait “pour boire un verre d’eau”, et le matin le téléphone avait disparu de la cuisine. Quand je l’entendais le soir, parfois je me levais pour qu’il ne prenne pas son téléphone, et parfois je le laissais faire (il ne le prenait pas à chaque fois) pour éviter les crises le soir. Il avait aussi trouvé le moyen d’emprunter la tablette qui devait rester chez son père sans que je le sache, donc il contournait souvent …
Cette année il est en internat au lycée. Les lumières sont éteintes vers 22h, et d’après ce qu’il me dit (et je le crois) il ne tarde pas à s’endormir la plupart du temps car bien fatigué. Mais le week-end, il se couche plus tard que moi, et le téléphone reste dans sa chambre, ce qui ne me convient pas, mais je fais avec pour l’instant …
Ses frères jumeaux (ils vont avoir 14 ans) ont toujours été fatigués plus tôt le soir, et demandaient souvent (plus petits) à aller se coucher. Aujourd’hui, au collège, ils vont d’eux-mêmes au lit vers 21h, parfois plus tôt. La lumière est très rarement allumée après 21h30. J’ai un peu de mal à faire respecter la règle de laisser les téléphones dans la cuisine, même si moi aussi je me couche tôt, sans téléphone dans la chambre 🙂
Le matin, le week-end, je réveille mon aîné vers 10h pour que la journée ne soit pas gâchée. Parfois il refait une sieste dans la journée. Les jumeaux se lèvent plus tôt d’eux-mêmes (pour l’instant).
Pour répondre à Géraldine : avec mon fils aîné, et ça commence maintenant aussi avec les jumeaux, ça fait un moment (plusieurs années) que c’est de plus en plus difficile de faire des sorties en famille. Alors je négocie, parfois je n’insiste pas. Parfois certains viennent, mais pas tous.
Dimanche dernier, je leur ai proposé d’aller à pied au marché avec moi ou d’aller à la mer l’après-midi (ou les 2). Ils n’ont pas voulu venir le matin, et m’ont dit qu’ils iraient l’après-midi. Je n’ai pas insisté. L’après-midi ils ont commencé à râler pour sortir, mais comme la matinée et le repas s’étaient bien déroulés (sans râlerie 🙂 ) ils ont fini par enfiler leurs chaussures et se sont éclatés à grimper les rochers.
Une autre fois cet été, je n’ai pas réussi à convaincre mon fils aîné de venir faire une balade le long d’une rivière, sur les rochers. Ses frères se sont régalés, je sais qu’il aurait bcp aimé aussi, mais tant pis.
Je leur demande des propositions de sortie, mais le plus souvent c’est “chais pas”. Ou alors des sorties qui ont un coût.
Bref, j’essaye de m’adapter au mieux !
Bonjour, je découvre votre blog par le biais de cet article, après une recherche sur le “sommeil des ados”. J’espère que ce blog est toujours actif car je vois les commentaires qui datent de 2016…
Il y a quelques mois, mon fils (tout juste 14 ans), s’est mis à dormir très tard d’un coup, le weekend. Lui qui était toujours levé comme en semaine, je n’ai pas compris tout de suite ce qui lui arrivait (moi-même n’ayant pas connu les grasses matinées étant ado et toujours pas aujourd’hui !). “c’est normal maman chui un ado”
Puis je me suis documentée et je comprends aussi grâce à votre article que c’est tout à fait normal. Soit…
Il est fatigué surtout en rentrant des cours mais il n’arrive pas à s’endormir avant 23h. Par contre le matin ça va, il se lève à 7h, la motivation de se jeter sur son écran est plus forte que tout le reste…
J’ai décidé de le réveiller à 10h le weekend, car je ne veux pas qu’il perturbe l’organisation de la maison (heure du petit-déjeuner, du repas, sortie). Alors bien sûr, il râle… Je lui ai expliqué que plus il dormirait tard le matin, et plus il s’endormirait tard le soir mais maintenant j’hésite à lui faire expérimenter ses propres décisions.
Le hic, c’est que sa soeur (12ans) plus matinale dort dans la même chambre, et tant qu’il dort on est toutes les 2 en attente qu’il se lève pour vivre normalement dans l’appartement…
Quels conseils auriez-vous ??
Merci
Géraldine
Bonjour Géraldine,
Oui, le blog est toujours actif, et si certains commentaires datent, la physiologie de l’ado n’a pas pour autant changé 😉
Vous avez compris qu’un ado est « câblé » pour se coucher tard et se lever tard, et lui aussi d’ailleurs, mais votre difficulté réside en la mise en place de bonnes habitudes et le dosage de votre intervention en tant que parent.
A chaque changement de rythme de sommeil, il faut se réadapter, et tenir compte des besoins naturels de l’enfant.
Pas toujours facile quand les contraintes du quotidien se rappellent à nous …
Vous nous dites que votre ado « perturbe » l’organisation familiale. Je préfère dire que votre ado remet en question cette organisation.
Vous n’avez jamais connu de grasses matinées étant ado et toujours pas en tant qu’adulte. Votre nature vous le permet, c’est très bien, mais cela ne veut pas dire que cette capacité est automatiquement transmise à vos enfants, même moyennant un petit (ou un gros) effort.
Ce n’est pas parce que votre ado se lève tard qu’il vous manque de respect.
En ce qui me concerne, je faisais des grasses matinées étant ado, autour de la vingtaine, car j’avais une grosse pression la semaine pour les études. Je me souviens du bien-être éprouvé à me prélasser dans mon lit, en retardant le plus possible le moment de me lever.
Quoi qu’il en soit, vous pouvez expliquer à votre ado en quoi le fait qu’il se lève tard vous dérange dans votre organisation. Mais attendez qu’il soit bien réveillé, ne le cueillez pas au saut du lit 😉
Il râle ou ne veut en faire qu’à sa tête ? Dites-lui que vous lui faites confiance pour prendre en considération votre gêne, et que vous pouvez trouver ensemble un compromis.
Un compromis peut être essayé pendant quelques semaines, pour voir ce que cela donne, et réajusté si besoin.
Pour votre organisation familiale, par exemple pour le petit déjeuner, vous aviez l’habitude que la table soit débarrassée vers 10h, et vous pouviez passer à autre chose, et utiliser la table de la cuisine pour commencer à préparer le repas de midi, régler des formalités administratives, etc.
A la maison, nous avons pris l’habitude que chacun débarrasse ses affaires après avoir pris son petit déjeuner. Du coup, quand mon grand ado se lève, il ne reste qu’un coin de table « à occuper », et cela lui convient, d’autant plus qu’il n’a pas forcément envie de nous faire la conversation. Et oui, l’adolescence de nos enfants, c’est aussi le moment où il faut oublier les petits déjeuners en famille 😉
J’encourage également mon « lève-tard » à manger modérément, pour mieux apprécier le repas de « midi », enfin, midi, façon de parler…
Et la sortie, ah, la sortie du dimanche après-midi en famille … Mm, comment dire ?
Vous avez déjà du mal à le trainer chez vos parents, alors chez vos amis, à moins que ceux-ci aient des enfants de son âge avec lesquels il s’entend bien, cela ne va pas trop l’intéresser.
Une sortie culturelle ou cinéma … pourquoi pas, mais sur un sujet susceptible de l’intéresser.
Quant à la chambre partagée, mes deux fils ont partagé leur chambre pendant plus de 13 ans. Je vous assure que cela est devenu très compliqué vers les 14 ans de l’ainé.
S’il se couchait en même temps que son frère, c’était le bazar assuré, car il n’avait pas sommeil, alors le plus jeune avait besoin de dormir. Nous avons fini par le laisser se coucher progressivement de plus en plus tard, mais avec des règles précises, notamment « pas d’écran après 21h ».
Comme l’appartement était petit, il était donc avec nous dans le salon. Le « pas d’écran après 21h » était aussi valable pour les parents, c’était notre choix, et cela ne sera pas forcément le vôtre. Il lisait, dessinait, parfois discutait.
Le matin, le petit frère se levait sans bruit et s ‘occupait dans le salon.
Pour cela, il faut que vos enfants aient un coin « réservé » pour eux dans la pièce commune, quand ils ne peuvent pas occuper leur chambre.
C’est contraignant car il faut avoir anticipé, mais c’est comme ça, on ne peut pas faire autrement quand on partage un espace. Cela apprend d’autres choses.
Autre exemple : votre ado dort jusqu’à midi ou treize heures le samedi ET le dimanche. Vous avez l’habitude de faire le ménage le matin, pour être tranquille l’après-midi et (éventuellement) sortir. Pas moyen de passer l’aspirateur avec votre ado qui dort !
Alors … l’aspirateur peut bien être passé en début d’après-midi, ou le soir.
Un peu de souplesse dans votre organisation est une bonne occasion de développer votre capacité d’adaptation, et un bel exemple pour votre ado.
Bien à vous,
Carole.
Bonjour Carole, Je vous remercie pour votre réponse très fournie. J’ai rarement des retours quand je lance des commentaires/questions alors j’apprécie d’autant plus ! Je me reconnais beaucoup dans toutes les adaptations et exemples que vous citez.
Je vais poursuivre mes négociations avec mon fils (heure de lever, heure max du petit-dej,type de sortie ensemble).
Je crois que le sujet principal c’est que j’ai un train de retard par rapport à son évolution, et que je me demande ce qu’on va continuer à partager s’il dort ou ne participe pas aux activités en famille le weekend 🙁
Un autre sujet de conversation qui revient souvent avec mes enfants : les sorties ensemble, nos lieux de vacances etc.
A ce propos, avez-vous un article qui parle des sorties en famille avec des ados ? et qui ne ruinent pas !!?
A bientôt,
et félicitations pour votre français impeccable, ça aussi cela devient très rare !
Merci… Oui merci pour cet article très bien fait, bien expliqué, rassurant aussi… Mon fils arrive sur ses 13 ans et on découvre un peu les joies d un sommeil décalé ! Grâce à vous, nous allons essayer d aborder plus sereinement la rentrée scolaire !
Bonjour Marie,
Merci pour votre retour.
Effectivement, il faut réajuster ses habitudes en fonction de l’évolution de nos enfants.
Bonne rentrée à vous tous,
Carole.
Quel article complet ! Voilà un sujet qui n’a pas fini de perturber les familles. C’est bien de souligner que si les ados s’endorment tard, ça n’est pas “exprès pour nous embêter”. Ca fait des générations que l’on constate ce décalage de sommeil. Notre société ne fait rien pour le prendre en compte. Alors il faut composer, essayer de rester ferme sur certains points tout en faisant preuve de compréhension et en tenant compte des contraintes sociétales… Vraiment pas évident !
Je rebondis sur ta phrase : “Bien entendu, le téléphone portable est exclu de la catégorie réveille-matin.” Je suis tout à fait d’accord avec ça et c’est la raison pour laquelle j’ai passé des heures il y a quelques années à chercher un réveille-matin avec une sonnerie agréable : impossible à trouver. Le simple réveille-matin, sans fil, qui donne l’heure et a une jolie sonnerie n’existe pas. Je trouve ça aberrant ! Et sincèrement Carole, je crois qu’il faut qu’on lance la fabrication de ce réveil rêvé.
Effectivement, Blandine, à part la radio (que j’ai tendance à écouter au lieu de me lever) ou une sonnerie stridente, nous n’avons guère le choix. Il y a bien la lampe réveil simulateur d’aube, mais je n’ai pas testé 😉