Comprendre le cerveau des ados pour les aider à grandir

Auteurs invités :

Anna­belle De Couvreur

Crédits photo : iStock, wiki­me­dia commons, 

Ah, l’ado­les­cence… Une période mys­té­rieuse où nos enfants semblent sou­dain se trans­for­mer en extra­ter­restres aux yeux des parents. Ces années tumul­tueuses où les portes claquent, où les émo­tions se mélangent et font pas­ser nos ché­ru­bins du rire aux larmes ! Pas facile de com­prendre le cer­veau des ados, alors qu’un jour ils se montrent calmes, doux et rai­son­nables, et dès le len­de­main, ils deviennent impul­sifs et tota­le­ment imprévisibles.

Mais que se trame-t-il donc dans la tête de nos ados ? Des études récentes dévoilent que les 12 – 18 ans subissent une véri­table méta­mor­phose céré­brale, expli­quant ain­si bon nombre de leurs com­por­te­ments intrigants.

Par consé­quent, com­prendre le cer­veau des ados et ces chan­ge­ments appa­raît comme la clé magique pour les accom­pa­gner dans cette phase cru­ciale de leur vie. Alors, plon­geons-nous dans les méandres de leur esprit pour gui­der les parents durant ces étapes de trans­for­ma­tions !

Comprendre le cerveau des ados : les mystères de son développement enfin révélés !

Le cer­veau est un organe qui n’a pas dévoi­lé toutes ses énigmes, à plus forte rai­son pen­dant la période d’adolescence où il subit une restruc­tu­ra­tion pro­fonde. Être plus au clair avec ces modi­fi­ca­tions com­plexes per­met aux parents de mieux appré­hen­der ces moments. Exa­mi­nons de quelle manière cela peut les éclai­rer dans leur rôle.

Une véritable tempête hormonale

Com­ment ne pas par­ler de nos ado­les­cents sans men­tion­ner la puber­té ? Ce moment de grande évo­lu­tion voit leur corps se trans­for­mer et leurs émo­tions à fleur de peau. Pour mieux sai­sir ce qu’il se passe pour eux, tour­nons-nous vers les hormones…

Lorsque les jeunes gens atteignent la puber­té, leur cer­veau joue un rôle clé en orches­trant les chan­ge­ments phy­siques. Bien que l’œstrogène et la tes­to­sté­rone ne soient pas direc­te­ment pro­duits par celui-ci, il envoie des signaux aux glandes sexuelles grâce à des hor­mones comme la GnRH, sécré­tée par l’hypothalamus. Ces signaux déclenchent la libé­ra­tion de l’œstrogène et la tes­to­sté­rone, entraî­nant ain­si les modi­fi­ca­tions typiques à cet âge. Chez les gar­çons, cela affecte le com­por­te­ment social et psy­choaf­fec­tif, tan­dis que chez les filles, cela a un impact sur l’humeur et l’anxiété.

Par ailleurs, ces sub­stances jouent un rôle impor­tant sur la crois­sance et le déve­lop­pe­ment céré­bral, en par­ti­cu­lier dans les régions impli­quant les émo­tions et les prises de décisions.

En bref, les hor­mones ont une réelle inci­dence sur la trans­for­ma­tion phy­sique, men­tale et com­por­te­men­tale des ados. Il est donc pri­mor­dial de prendre en compte toutes ces com­po­santes pour appré­hen­der ces moments pleins de surprises.

Une métamorphose structurelle

Les chan­ge­ments qui façonnent le cer­veau de nos enfants durant cette période sont nom­breux. Il réside encore quelques zones d’ombre, mais les pro­grès scien­ti­fiques qui ont beau­coup éclai­ré ce domaine com­plexe, nous per­mettent de com­prendre le cer­veau des ados.

Avec l’arrivée de l’IRM (Ima­ge­rie par Réso­nance Magné­tique) dans les années 90, il est pos­sible d’obtenir des pho­tos détaillées du cer­veau sans avoir besoin de rayons X. Les recherches sont en pleine expan­sion et les cher­cheurs ont une connais­sance plus spé­ci­fique à ce propos.

Il a été obser­vé que le jeune gagne en « matière blanche », la myé­line, qui a pour rôle la trans­mis­sion des infor­ma­tions entre les cel­lules. Les neu­rones (cel­lules céré­brales) com­portent des exten­sions rami­fiées (axones) enve­lop­pées de myéline.

L’augmentation de cette sub­stance qui agit telle une gaine pro­tec­trice per­met d’améliorer la com­mu­ni­ca­tion neu­ro­nale. Cela explique la rai­son pour laquelle les ado­les­cents ont une plus grande facul­té d’adaptation et d’apprentissage au sein du monde qui les entoure. C’est comme s’ils pas­saient de l’ADSL à la fibre, ou encore d’une route de cam­pagne à une voie express !

D’un autre côté, « la matière grise », où se situent les cel­lules ner­veuses, subit une perte, car un petit ménage s’effectue. Pen­dant l’enfance, le cer­veau construit quan­ti­té de synapses, la zone de contact et d’échanges entre deux neu­rones. Celles qui sont inutiles ou endom­ma­gées sont éli­mi­nées : c’est l’élagage. Les connexions sont moins nom­breuses, mais vrai­ment meilleures. Fort heureusement !

Schéma d'un neurone - Source : wikimedia commons
Com­prendre le cer­veau des ados : Sché­ma d’un neu­rone – Nicolas.Rougier, CC BY 4.0, via Wiki­me­dia Commons

Explorer le comportement des adolescents : l’influence de leur cerveau sur leurs actions et leurs décisions

Main­te­nant que nous avons avan­cé dans notre explo­ra­tion, reve­nons un ins­tant dans l’univers cap­ti­vant de la neu­ros­cience. Fai­sons un pas de plus et voyons com­ment les par­ti­cu­la­ri­tés céré­brales des jeunes influencent leur com­por­te­ment et leur jugement. 

Comprendre le cerveau des ados par rapport aux comportements à risques

La recherche de défis plus ou moins périlleux peut être éga­le­ment une carac­té­ris­tique de la jeu­nesse. Ces aven­tu­riers ont-ils réel­le­ment conscience des risques qu’ils prennent ? Pour­quoi, pour cer­tains, le goût de l’inconnu est-il si sédui­sant ? Dans leur tête se trouve peut-être la solution…

Quand nous pre­nons une déci­sion, nous anti­ci­pons les consé­quences afin d’évaluer si des dan­gers existent. Lorsque nos choix sont mis à l’épreuve, nous consta­tons si nos pré­vi­sions sont exactes ou non. Cette obser­va­tion est pos­sible grâce à la sti­mu­la­tion de trois zones du cer­veau aus­si appe­lées le cir­cuit de détec­tion des erreurs de pré­dic­tions : 

  • Le cor­tex pré­fron­tal ventrolatéral ;
  • Le stria­tum ;
  • Le cor­tex pariétal.
Coupe transversale du cerveau d'un adolescent
Com­prendre le cer­veau des ados : coupe trans­ver­sale du cer­veau d’un ado­les­cent – Source : istock​pho​to​.com

Ce cir­cuit est beau­coup plus sen­sible chez un ado qu’à un autre âge de la vie. S’il se rend compte que la situa­tion tourne en sa faveur alors qu’au départ il pré­sa­geait le contraire, ce même cir­cuit s’active inten­sé­ment, lui pro­cu­rant une pro­fonde satis­fac­tion. Elle peut être ren­for­cée par la libé­ra­tion de dopa­mine, un neu­ro­trans­met­teur impli­qué dans les sen­sa­tions de plai­sir et de récom­pense. Cette décou­verte met la lumière sur leur com­por­te­ment par­fois témé­raire ain­si que le lien entre leurs choix et la gra­ti­fi­ca­tion qui en découle.

Le contrôle des émotions

À l’adolescence, on découvre, on s’émerveille, on se lance des défis, mais c’est aus­si un moment intense de la vie. Les émo­tions demeurent com­plexes et mul­tiples. Il y a une explication.

Le cer­veau com­porte l’amygdale, res­pon­sable des réac­tions émo­tion­nelles. Sans elle, pas de réponse face à ce qui nous entoure. Surs­ti­mu­lée, l’attitude devient exces­sive ou au contraire douce et affec­tueuse. Chez les jeunes gens, l’amygdale l’emporte sur le cor­tex pré­fron­tal. Ce der­nier est uti­li­sé chez les adultes pour l’analyse et le rai­son­ne­ment. Sou­ve­nons-nous de la myé­line. Cet élé­ment est très pré­sent sur l’amygdale et c’est donc elle qui domine concer­nant la prise de déci­sions. Qu’en résulte-t-il ? Des juge­ments non ration­nels et dif­fi­ci­le­ment contrôlables.

Quoiqu’il en soit, même si le cer­veau n’est pas com­plè­te­ment mature, il accom­plit de grandes choses. Il est sou­vent pous­sé hors de sa zone de confort, vers un monde incon­nu, mais sa flexi­bi­li­té lui per­met de s’améliorer constam­ment. Quelle bonne nouvelle !

Le sommeil

Nous avons vu que bon nombre de para­mètres sont en jeu dans le cer­veau des ado­les­cents. Leurs nuits ne sont pas épar­gnées. La pro­duc­tion de méla­to­nine, l’hormone du som­meil, est retar­dée. Par consé­quent, l’heure du cou­cher est déca­lée. De plus, les jeunes ont sou­vent un emploi du temps char­gé et sont pour la plu­part « hyper­con­nec­tés ». La lumière bleue géné­rée par les écrans trompe le cer­veau et incite à res­ter en éveil. Enfin, les chan­ge­ments hor­mo­naux et émo­tion­nels peuvent cau­ser ces troubles.

Le rythme cir­ca­dien (rythme bio­lo­gique sur 24 heures de l’être humain) ou hor­loge interne des ados est dif­fé­rent de celui des adultes. Le corps d’un ado­les­cent com­mence à pro­duire de la méla­to­nine vers 23 heures, et ce, jusqu’à 8 heures du matin. Ce déca­lage, ajou­té à une vie tré­pi­dante, est l’un des fac­teurs favo­ri­sant les pro­blèmes d’insomnies ou d’endormissement.

Heu­reu­se­ment, il existe de nom­breuses manières pour nos enfants de prendre en charge leur som­meil et s’assurer qu’ils se reposent suf­fi­sam­ment pour être en forme. Et qui sait, peut-être qu’un jour, ils pour­ront même se lever avant midi le week-end !

La com­pré­hen­sion de tous ces élé­ments per­met aux parents d’être mieux armés pour les gui­der dans leur exis­tence de futurs adultes. Exa­mi­nons quelques pistes pour que cela se passe de la meilleure façon qui soit.

Soutenir les jeunes pour traverser ces bouleversements : comprendre le cerveau des ados pour les accompagner au mieux

Il est ras­su­rant de savoir que l’adolescence n’est pas une fata­li­té, mais une phase de chan­ge­ments céré­braux impor­tants. En tant que parents, cette com­pré­hen­sion est une alliée pré­cieuse pour offrir aux jeunes le sou­tien dont ils ont besoin. Voyons tout de suite comment.

L’importance de la communication

Loin d’être un conseil conve­nu, la com­mu­ni­ca­tion est un point capi­tal dans la rela­tion entre les parents et leur enfant. Le contexte se doit d’être favo­rable. Cer­ner le moment où l’ado est récep­tif est impor­tant pour que l’échange soit fruc­tueux. Créer une occa­sion autour d’un repas convi­vial, un jeu de socié­té ou une balade au grand air peut l’amener à s’ouvrir sur ce qu’il vit au quo­ti­dien. Tout se fera avec dou­ceur et souplesse.

Il se peut qu’un désac­cord sur­vienne, car leur vision des choses n’est pas simi­laire à la nôtre. Les répri­mandes ou une salve de conseils ne sont pas tou­jours oppor­tunes. Plus les attentes sont inflexibles, plus les ado­les­cents ont ten­dance à entrer dans l’opposition. S’ils sentent qu’ils sont enten­dus et non jugés, ils expri­me­ront leurs émo­tions et leurs pen­sées ouvertement.

L’écoute active est un bon moyen pour bien sai­sir les pro­pos de son enfant. Reprendre son ques­tion­ne­ment ou ses pro­pos et les refor­mu­ler per­met de mani­fes­ter de l’empathie et de la bien­veillance. Des approches comme : « Dis-moi si je fais fausse route… », « Si j’ai bien com­pris… », sont utiles pour bien confir­mer notre interprétation.

Se mon­trer dis­po­nible, prêt à écou­ter, aider et encou­ra­ger est pri­mor­dial pour que notre enfant soit ras­su­ré et gui­dé dans cette période charnière.

Lui faire confiance

Nous l’avons vu aupa­ra­vant, les émo­tions chez l’adolescent sont fluc­tuantes et les sautes d’humeur par­fois désta­bi­li­santes. Il réin­ter­roge les règles et sou­haite pen­ser par lui-même. Au fil du temps, il va construire ses valeurs per­son­nelles grâce à ce qui lui a été trans­mis. Il semble tes­ter les adultes, mais c’est pour éprou­ver ses propres limites. En ayant conscience de ce fait, les parents sont plus enclins à accor­der de la confiance à leur ado.

Par exemple, il est pos­sible qu’il n’ait pas res­pec­té les prin­cipes éta­blis. Pour­quoi ne pas mettre en place un contrat qui évo­lue­ra en fonc­tion de son atti­tude ? Cela le res­pon­sa­bi­lise et l’aide, car il constate que son parent est solide. De son côté, il a une part active à jouer et est épau­lé dans sa construction.

Pour affer­mir cette confiance et culti­ver son estime de soi, il est béné­fique d’encourager son ado quand il fait des efforts. Notre enfant est venu à bout d’un tra­vail sco­laire ardu, a ran­gé sa chambre ou a chan­gé un com­por­te­ment, n’hésitons pas à le sou­li­gner et lui dire com­bien nous sommes fiers de lui ! Et qu’il peut être fier de lui-même… De telles actions ren­forcent non seule­ment la confiance mutuelle, mais éga­le­ment la per­cep­tion qu’il a de lui-même.

Respecter son rythme biologique

Adopter de bonnes habitudes

Les chan­ge­ments hor­mo­naux orches­trés par le cer­veau sont des carac­té­ris­tiques de la puber­té. Prê­ter une atten­tion par­ti­cu­lière au rythme bio­lo­gique de l’adolescent est essen­tiel pour une bonne crois­sance. Pen­dant le som­meil, la matu­ra­tion céré­brale s’effectue et l’hormone de crois­sance est en pleine action. Bien dor­mir la nuit (au moins 9 h) est capi­tal pour faci­li­ter les appren­tis­sages. Il est vrai que cela n’est pas for­cé­ment aisé avec la cadence impo­sée par le col­lège et le lycée. Les parents peuvent encou­ra­ger leur enfant à adop­ter de bonnes habi­tudes. Quelques conseils peuvent être utiles :

  • Éteindre les écrans au moins deux heures avant de se coucher.
  • Éta­blir une rou­tine avant de se mettre au lit en s’adonnant à des acti­vi­tés calmes (des­sin, lec­ture, écri­ture de ses res­sen­tis, etc.).
  • Écou­ter de la musique douce et relaxante.
  • Créer un envi­ron­ne­ment pro­pice au som­meil (bonne tem­pé­ra­ture de la pièce, réduire la lumière).
  • Évi­ter les sujets qui fâchent avant d’aller dor­mir. Une ambiance calme est béné­fique pour trou­ver le repos.

En somme, en étant atten­tif aux besoins des ado­les­cents et en les épau­lant pour qu’ils adoptent de bonnes habi­tudes, il est pos­sible de contri­buer à leur bien-être phy­sique et men­tal ain­si qu’à leur réus­site scolaire.

Comprendre le cerveau des ados pour prendre du recul

Sans aucun doute, com­prendre le cer­veau des ados nous aide réel­le­ment à dédra­ma­ti­ser ces moments. Nous avons cer­tai­ne­ment plus de recul quand nous arri­vons à sai­sir les défis qu’ils doivent sur­mon­ter. Pour­tant, ces ins­tants sont pleins de rebon­dis­se­ments et de décou­vertes. Tout se désor­ga­nise, mais pour se réor­ga­ni­ser ensuite avec équi­libre. L’étape est indis­pen­sable. En tant que parents, nous avons un rôle impor­tant pour sou­te­nir ces jeunes afin de les accom­pa­gner vers l’autonomie. Il peut y avoir des remous dans ce long fleuve pas tou­jours tran­quille, mais la com­mu­ni­ca­tion mène à la com­pré­hen­sion et à la bien­veillance, soyons en assurés !

Et sur­tout, n’hésitez pas à par­ta­ger en com­men­taires votre expé­rience en tant que parents d’adolescents ! 👇

Cet article a été rédi­gé par Anna­belle De Cou­vreur, rédac­trice web SEO, éga­le­ment maman d’une ado et de deux pré-ados.

Sources de l’article “Comprendre le cerveau des ados pour les aider à grandir”

  1. ROYNARD, Romy. Ado­les­cents : le cer­veau en alerte rouge. Natio­nal Geo­gra­phic, 2022, 1103.
  2. REBEIHI, Ali. Que se passe-t-il dans le cer­veau de nos ado­les­cents ? [vidéo en ligne]. France Inter. Mer­cre­di 28 sep­tembre 2022.
  3. Par­lons sciences. Com­prendre le cer­veau de l’adolescent (Res­sources péda­go­giques).
  4. Apprendre, révi­ser, mémo­ri­ser : Com­prendre les étapes du remo­de­lage du cer­veau à l’adolescence. Tout pour apprendre effi­ca­ce­ment à l’école et ailleurs.
  5. Mag 21​.fr : Com­ment fonc­tionne le cer­veau d’un ado­les­cent.

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Photo de Carole Levy

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Je m’ap­pelle Carole Levy et je par­tage avec vous mes appren­tis­sages, mes expé­riences et mes connais­sances.

Pour savoir pour­quoi et com­ment, je vous l’ex­plique dans “A pro­pos.”

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