Scarifications chez l’Adolescent : les appréhender en 6 étapes

Crédits photo : Ulrike Mai

Toutes les situa­tions de sca­ri­fi­ca­tions chez l’a­do­les­cent ne méritent pas la même inquié­tude. Et pour­tant, en tant que parents, elles nous bou­le­versent, et ne doivent pas être bana­li­sées. La sca­ri­fi­ca­tion fait par­tie des com­por­te­ments emblé­ma­tiques de cette tranche d’âge. Si vous êtes confron­té à un ado qui se mutile, sachez que ce n’est pas un acte iso­lé. Elle concerne (au moins une fois) 4 à 10% des jeunes sco­la­ri­sés d’en­vi­ron 15 ans ; les filles étant concer­nées de manière impor­tante (70 à 97%).

Voi­ci en six étapes com­ment les appréhender :

  • Un acte de soulagement.
  • Des risques infectieux.
  • La réac­tion des parents.
  • Des risques sui­ci­daires et des patho­lo­gies psy­chia­triques associées.
  • L’a­do­les­cent et son geste.
  • La place des parents.

Un acte de soulagement

Pour­quoi un ado se sca­ri­fie-t-il ? Pour l’a­do­les­cent, la sca­ri­fi­ca­tion lui per­met de sou­la­ger une ten­sion, et lui per­met “d’al­ler mieux” dans un moment de souf­france, de détresse morale intense.

En me fai­sant cela, je sors du noir.”

Se sca­ri­fier est une conduite soli­taire, intime, géné­ra­le­ment des­ti­née à res­ter cachée, mais sou­vent aus­si avec un désir ambi­va­lent d’être mon­trée, dans la réa­li­té ou via les réseaux sociaux.

L’é­clai­rage de la psy­cha­na­lyse sur les sca­ri­fi­ca­tions sou­ligne la dimen­sion de “cou­pure sym­bo­lique du lien entre ses parents et lui, autre­ment dit son auto­no­mi­sa­tion” .

Mes ados, du moins à ma connais­sance, n’ont pas recours à la sca­ri­fi­ca­tion, mais quand ils ont par exemple recours à la vio­lence ou l’auto-agres­sion, en disant “Voi­là, je me punis”, cela est par­fois alarmant.

Scarifications chez l’adolescent : des risques infectieux

Si une sca­ri­fi­ca­tion au bras super­fi­cielle ne laisse dans la plu­part des cas qu’une fine cica­trice, le risque de com­pli­ca­tion infec­tieuse est pré­sent pour les plaies plus pro­fondes. Les germes en sont la cause.

La sca­ri­fi­ca­tion avec une lame de rasoir est très cou­rante. Si l’ob­jet tran­chant est par­ta­gé, il existe aus­si un risque de trans­mis­sion de mala­dies virales.

“Mon fils ou ma fille se scarifie” : comment vous, parents, pouvez l’aider ?

Décou­vrir que votre ado­les­cent a une cuisse ou un bras sca­ri­fié déclenche une réac­tion émo­tion­nelle forte. Une fois le calme reve­nu, voi­ci ce que vous pou­vez faire, au moment que vous juge­rez opportun :

Aborder le sujet directement

Je m’in­quiète et je vou­drais par­ler avec toi. Est-ce que tu te sca­ri­fies ? ” .

Dire que vous êtes là pour l’aider, non pour le juger

Je ne vais pas te faire la morale. Si tu te sca­ri­fies, c’est que tu souffres. On aime­rait se faire aider par un pro­fes­sion­nel et t’emmener avec nous” .

Lui dire de ne pas avoir honte et de ne pas se sentir coupable de son acte

L’en­ga­ger à vous mon­trer ses bles­sures si vous vous sen­tez capable de les voir :
Ce qui est fait est fait. Je pré­fère regar­der la réa­li­té en face pour mieux l’af­fron­ter” .

L’aider à mettre des mots sur sa souffrance

A quoi penses-tu en fai­sant cela ? Pour­quoi le fais-tu ? ” .

Rester à l’écoute de sa souffrance

Ne pas ten­ter de lui expli­quer qu’il n’a aucune rai­son d’être triste ou de s’in­quié­ter :
Mais enfin, tu as tout pour être heu­reux !

Ne pas lui demander s’il a fait cela pour faire comme les autres

La sca­ri­fi­ca­tion est le reflet d’une souf­france intime et personnelle.

Ne pas lui faire promettre d’arrêter

Si votre ado­les­cent se sca­ri­fie, c’est parce qu’il ne peut pas s’en empê­cher. Un pro­ces­sus plus com­plexe qu’une pro­messe est à mettre en œuvre pour l’aider.

Ne pas culpabiliser de ne pas savoir gérer seul vos difficultés

Quand vous avez de la fièvre, vous pre­nez un Doli­prane, et en quelques heures ou quelques jours, vous recou­vrez la santé.

Quand un pro­blème de san­té, qu’il soit phy­sique ou psy­cho­lo­gique, vous dépasse, quel mal y a‑t-il à consul­ter un méde­cin, qui est for­mé pour cela et vous appor­te­ra son sou­tien et ses connaissances ?

Risques suicidaires et pathologies psychiatriques associées : une psychanalyse pour les scarifications ?

La pro­ba­bi­li­té des risques sui­ci­daires aug­mente avec :

  • la pro­lon­ga­tion du com­por­te­ment dans le temps,
  • l’as­so­cia­tion à d’autres gestes auto agres­sifs (brû­lures, coups),
  • la loca­li­sa­tion des sca­ri­fi­ca­tions sur la poi­trine, le cou, le visage.

La consul­ta­tion médi­cale per­met d’éva­luer la gra­vi­té poten­tielle de la situa­tion.

Lors d’un entre­tien confi­den­tiel, sans les parents, le méde­cin ras­sure l’a­do­les­cent sur sa “nor­ma­li­té” , et lui pré­sente ses dif­fi­cul­tés comme des obs­tacles dans son développement.

Le méde­cin pour­ra abor­der des thèmes tels que :

L’adolescent et son geste

La démarche d’un méde­cin décrite ci-des­sus per­met à l’a­do­les­cent de com­prendre son geste, et de défi­nir les cir­cons­tances, les moyens utilisés.

Elle per­met aus­si de savoir :

  • Qui est au courant ?
  • Est-ce la pre­mière fois, est-ce fré­quent, est-ce une addiction ?

L’acte d’un ado­les­cent qui se sca­ri­fie peut-être les consé­quences d’un trau­ma­tisme lié à l’en­fance ou un trau­ma­tisme récent (vio­lence, mal­trai­tance, abus sexuel, har­cè­le­ment), est éga­le­ment systématique.

Le méde­cin recherche aus­si des troubles anxieux ou des élé­ments dépres­sifs.

La place des parents

Même s’il arrive que l’a­do­les­cent ne sou­haite pas que ses parents soient infor­més, il est indis­pen­sable qu’ils soient reçus et écou­tés par le méde­cin, pour les inté­grer au pro­jet de soins de leur ado. Il est impor­tant de ne pas enfer­mer l’a­do­les­cent dans l’é­ti­quette “sca­ri­fi­ca­tions” , et de l’ai­der à cher­cher d’autres modes de fonc­tion­ne­ment et d’autres moyens de résoudre ses difficultés.

Et vous, qu’au­riez-vous à conseiller à des parents ayant à faire face à leur ado ou leur enfant qui se sca­ri­fie ? N’hé­si­tez pas à par­ta­ger dans les commentaires.

“L’adolescence scarifiée” et autres ressources pour appréhender la scarification chez les ados

L’adolescence scarifiée

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Un court ouvrage docu­men­té, écrit par des pra­ti­ciens qui s’emploient à ana­ly­ser le phé­no­mène de la sca­ri­fi­ca­tion chez les ado­les­cents. Un livre indis­pen­sable pour toute per­sonne ayant à fré­quen­ter ou inter­ve­nir dans l’é­du­ca­tion (et les soins) d’a­do­les­cents qui vont mal. 

La discipline positive pour les adolescents

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A connaitre abso­lu­ment, pour accom­pa­gner et encou­ra­ger nos ados avec fer­me­té et bien­veillance, les aider à effec­tuer la tran­si­tion du monde de l’enfance à celui de l’adulte, dans la joie et l’encouragement.

Bienvenue sur Adolescence Positive !

Photo de Carole Levy

Vous êtes parent, édu­ca­teur ou ani­ma­teur. Vous vous inté­res­sez par­ti­cu­liè­re­ment à la période de l’a­do­les­cence… Vous êtes au bon endroit !

Je m’ap­pelle Carole Levy et je par­tage avec vous mes appren­tis­sages, mes expé­riences et mes connais­sances.

Pour savoir pour­quoi et com­ment, je vous l’ex­plique dans “A pro­pos.”

Articles qui questionnent

25 Commentaires 

  1. Lys Blanc

    Bon­jour

    Je suis une fille de 13 ans, bien­tôt 14, je suis en 3e et je me sca­ri­fie l’a­vant-bras gauche depuis bien­tôt un mois.

    Pour­quoi je fais ça ? Dif­fi­cile d’ex­pli­quer clai­re­ment. Je me sca­ri­fie quand je me sens mal ou que je ne vais pas bien. Ça per­met de me “libé­rer” de cette souf­france mais quand je regarde mon bras, ça me rap­pelle que j’ai mal de l’intérieur.

    La semaine der­nière, je crois que j’ai failli faire une crise d’an­goisse (j’en fai­sais une fois par mois quand j’a­vais 8 ou 9 ans et ça s’est arrê­té il y a envi­ron un an et demi, mais visi­ble­ment ça a repris) mais fina­le­ment je n’en ai pas fais, je me suis juste scarifiée.

    Mes parents ne sont pas au cou­rant, il y a juste deux amis de mon âge et des per­sonnes sur fsj (fsj = fil san­té jeunes).

    D’ailleurs je conseille aux parents de conseiller fsj à leurs enfants si ils se sca­ri­fient. Fil san­té jeunes, c’est un lieu d’é­coute et de par­tage (pour résu­mer). Écoute, car il y a des pro­fes­sion­nels (psy­cho­logues, ensei­gnants, etc) qui peuvent nous conseiller et nous orien­ter vers une mda (mai­son des ado­les­cents). Par­tage car on peut aller sur les forums et racon­ter ce qu’on a vécu, etc… et on se rend compte qu’on n’est pas tout.e seul.e et qu’il y a plein de per­sonnes du même âge qui peuvent ren­con­trer des dif­fi­cul­tés comme nous.

    Si je suis là, c’est à la fois pour par­ta­ger mon témoi­gnage mais aus­si pour vous deman­der com­ment dire que je me sca­ri­fie à mes parents. J’ai à la fois peur de leur réac­tion mais j’ai aus­si envie qu’ils le sachent (de toute façon, ils le sau­ront en été quand tout le monde por­te­ra des manches courtes).

    Je ne suis pas sui­vie psy­cho­lo­gi­que­ment et j’ai envie d’ar­rê­ter, je n’ai pas envie que ça devienne une addic­tion mais c’est plus fort que moi.

    Mer­ci d’avance
    Bon week-end
    Lys Blanc

    • Carole Levy

      Bon­jour “Lys Blanc”,

      En écri­vant ce mes­sage, tu as fait le pre­mier pas pour pou­voir en par­ler à tes parents.
      Tu as aus­si du sou­tien de la part de tes amis de ton âge, ain­si que de per­sonnes de fil San­té Jeune. Si ce sou­tien est indis­pen­sable, il n’est pas suf­fi­sant, et tu en as bien conscience.
      Plus tu atten­dras, plus cela sera dif­fi­cile. Tu peux leur pré­sen­ter en leur par­lant de ta peur face à ta souf­france, en leur disant que tu as besoin d’être aidée par un pro­fes­sion­nel et que tu as aus­si besoin qu’ils soient par­tie pre­nante dans ce pro­ces­sus. Etre sui­vie par des pro­fes­sion­nels te per­met­tra de trou­ver des solu­tions autres que la sca­ri­fi­ca­tion pour sur­mon­ter tes crises d’an­goisses et ton mal-être.
      En tant que parent, je peux te dire que je pré­fère savoir pour agir au mieux, plu­tôt que de ne pas savoir. Tu es jeune, tu ne dois pas être seule pour gérer cette prise en charge.
      Tu peux aus­si faire la dif­fé­rence entre dire à tes parents que tu te sca­ri­fies, et leur dire pour­quoi tu le fais. Car cela est dif­fi­cile à com­prendre, à expli­quer, même pour toi-même. Peut-être que tu ne peux pas tout leur dire (pour l’ins­tant), et c’est pour ça que les pro­fes­sion­nels de san­té sont là pour “rece­voir” l’ex­pres­sion pro­fonde de tes souffrances.

      De tout coeur avec toi,

      Carole.

      • Lys Blanc

        Bon­jour
        Mer­ci pour votre message.
        J’en ai par­lé à ma mère il y a 5 jours.
        J’ai rdv chez le méde­cin le 16 décembre et je vais peut-être aller à la mda le 14 décembre au plus tôt.

        Mais mer­ci beau­coup pour votre soutien !
        À bientôt
        Lys Blanc

  2. Manon

    Bon­jour,
    Je m’ap­pelle Manon, je souffre de tpb.
    Ça va faire 5 ans que je me sca­ri­fie, brûle (bras, visage, poi­trine, ventre cuisses etc..)
    Je vou­lais conseiller les parents qui ont un ou plu­sieurs enfants/proches qui font ça. Tout d’a­bord cette acte est sou­vent un appel à l’aide, selon l’en­droit, la pro­fon­deur etc c’est plus ou moin grave, c’est sou­vent liée à des troubles psy­cha­trique, la per­sonne qui en souffre à besoin de récon­fort, soutien..
    Bref, cou­rage à vous
    Vous êtes fort(e)s

    • Carole Levy

      Bon­jour,

      Cou­rage à vous Manon.
      Le che­min peut paraitre long et com­plexe, mais des solu­tions existent, adap­tées à chaque per­sonne, par le sui­vi par des pro­fes­sion­nels de san­té et le sou­tien des proches.

      Carole.

  3. Gaëlle

    Bon­soir,

    Je suis encore son­née par la nou­velle du jour…

    Ma fille de 11ans se sca­ri­fie, je n’ai rien vu venir…

    Nous sommes sépa­rés avec le père de mes enfants et il en a la garde.
    Elle a très mal vécu la sépa­ra­tion, elle avait 3ans ain­si que le fait de l’é­loi­gne­ment avec moi.

    Elle vient de vivre une rup­ture sen­ti­men­tale mou­ve­men­tée pour ses 11ans et je pense que c’est l’élé­ment déclen­cheur. Bizar­re­ment pour un pre­mier cha­grin d’a­mour, elle l’a trop bien pris…

    Sa cou­sine a trou­vé des mes­sages et une vidéo de sca­ri­fi­ca­tion avec un cut­ter que m’a fille a gar­dé dans son télé­phone. Ce qui m’in­quiète le plus c’est qu’elle parle de se jeter par la fenêtre mais qu’elle pense à nous et pré­fère ce faire du mal et ne com­prends pas pour­quoi elle est née et pour­quoi elle a une vie aus­si pour­rie selon ses termes.

    Nous en avons par­lé avec son père et il a pris rdv chez un psy pour le 3juin.

    Javoue ne pas savoir com­ment abor­der la chose avec elle sans qu’elle ne se braque car étant une grande sen­sible, elle ne dit mot de ses émo­tions. Son chat l’a grif­fé m’a t’elle répon­du quand j’ai vu les marques.

    Je suis aus­si pré­sente que pos­sible et un maxi­mum dans la com­mu­ni­ca­tion et la bien­veillance mais là, mon cœur de maman saigne et je suis com­plè­te­ment désem­pa­rée et sous le choc de cette annonce et sur­tout j’ai peur pour elle.

    Mer­ci en tout cas pour vos pré­cieux conseils.

    Gaëlle

    • Carole Levy

      Bon­jour Gaëlle,
      Je com­prends votre désar­roi. Je ne peux que vous conseiller de vous faire aider en paral­lèle par un pro­fes­sion­nel, pour pou­voir mettre des mots sur vos peurs, et vous aider à les surmonter.
      De tout coeur avec vous,
      Carole.

  4. Lucie

    Bon­soir,

    je vou­lais dire que la sca­ri­fi­ca­tion n’est pas for­cé­ment la manière de cou­per le lien avec ses parents.
    Pour moi c’é­tait un moyen de me sen­tir en vie. J’a­vais l’im­pres­sion d’être tel­le­ment morte de l’in­té­rieur, de ne rien res­sen­tir que le seul moment ou je res­sen­tais, c’é­tait ce moment là. MA vie, mes rêves tout étaient un cau­che­mar sans fin, et quand je regar­dais le pla­fond allon­gé dans mon lit dans le noir et le silence. JE m’é­tais en doute ma propre exis­tence, je me détes­tais d’exister.

    Par­fois aus­si, c’é­tait le moyen d’é­vi­ter de faire du mal aux autres. JE vou­lais tel­le­ment m’en prendre à quel­qu’un que je pré­fé­rais le faire sur moi car contrai­re­ment à sus quel­qu’un je le regret­tais pas. Il m’est arri­vé durant mon enfance, de m’en prendre direc­te­ment aux per­sonnes qui me pour­ris­saient la vie mais.. les larmes sur leur joue me fai­sait bien plus mal.. Alors je pré­fé­rais déver­ser ma haine et ma frus­tra­tion sur moi. 

    C’é­tait aus­si un appel à l’aide, mais je ne me suis jamais sen­ti de fran­chir le cap, et j’ai vite com­pris que la seul per­sonne qui pou­vait me venir en aide c’est moi même, car mes cris inté­rieur n’é­tait enten­du que par moi et j’ai trim­bal­lé le far­deau seul longtemps.

    Bon aujourd’­hui je suis bipo­laire, mais je trouve m’en être bien sor­ti car je suis actuel­le­ment en mas­ter. Les bas font encore par­ti de ma vie mais il est pos­sible de tout surmonter.

    Pour les parents qui se demandent qu’elles sont les mots à dire pour son enfant. Y en a aucun. On a juste besoin de votre amour, que vous nous pre­niez dans les bras et que vous nous disiez que vous serez là pour nous. Sur­tout n’al­lez pas voir le har­ce­leur de votre gamin, ça risque d’empirer, ne juger pas ses choix ves­ti­men­taires ça fait mal, accep­tez les phases excen­triques, c’est néces­saire pour lui, il s’ex­prime comme il peut.
    Et si vous êtes atten­tif à lui, je pense que natu­rel­le­ment , il s’ou­vri­ra à vous. Et vrai­ment, s’il vous sup­plie de chan­ger d’é­cole faîtes le. C’est pour son bien.

    Voi­là, j’es­père que mon expé­rience pour­ra vous aider.

  5. Sabi

    Bonjour,

    maman fille de 11 ans se sca­ri­fie depuis 1 an. 

    L’an­née de ces 9 ans, je me suis sépa­ré de son père. J’ai expli­qué à ma fille que ce n’est pas de leur faute et que si moi je me sépare de leur père, il n’é­tait pas ques­tion qu’elles soient sépa­ré de leur père. Et avec leur père on en a lais­sé le choix du mode de garde qu’elle aime­rait faire. Elles sont choi­sies la garde alter­née et c’est ce que nous avons mis en place. La même année, elle a subit son pre­mier cha­grin d’a­mour et du har­cè­le­ment sco­laire (qu’elle nous a révé­lé il y a peu de temps). Cette année-là, elle a fait une pre­mière sca­ri­fi­ca­tion au niveau de son poi­gnet, quand je lui ai deman­dé ce que c’é­tait elle m’a dit que c’é­tait son cha­ton qui l’a­vait grif­fé. Je l’ai cru puisque son cha­ton était grif­feur. Puis plus rien pen­dant plu­sieurs mois. Depuis le mois de sep­tembre, elle recom­mence. Sur demande de l’as­sis­tante sociale et de l’in­fir­mière sco­laire, nous l’a­vons emme­ner chez un psy­cho­logue contre son avis. Chez la psy­cho­logue, elle parle peu voir pas du tout.
    Aujourd’­hui ma fille m’a men­ti droit dans les yeux en me disant que ce matin elle est tom­bé dans des ronces, or il s’a­vère qu’elle a fait ça chez son père hier soir et elle a dis à son père que les grif­fures de la der­nière fois de sa copine était en fait des sca­ri­fi­ca­tions qu’elle s’é­tait faite.
    Son père et moi-même ne savons plus quoi faire !
    Elle ne veut pas par­ler. Elle ne veut voir per­sonne du milieu médi­cal pour l’ai­der à aller mieux, elle le dit elle-même que de toute façon elle ne dira rien.
    Elle dit qu’elle est une mau­vaise per­sonne, chose que je dément devant elle et que je lui explique qu’elle est une bonne per­sonne et une belle per­sonne (car elle n’ac­cepte pas son corps non plus depuis plu­sieurs années : puber­té pré­coce, enfant pré­coce phy­si­que­ment et psychologiquement).
    Avec son père, nous nous deman­dons si nous devrions pas la faire hospitalisé ?
    Sa psy­cho­logue actuelle m’a dit que ma fille était une éponge sen­ti­men­tale sous sa cara­pace de dure à cuire, qu’elle s’in­quiète pour sa sœur, son père et moi-même.
    Je vous remer­cie de l’aide que vous pour­riez m’ap­por­ter pour que je puisse aider ma fille

    • Carole Levy

      Bon­jour,

      Ce que je constate, c’est que vous et votre ex-com­pa­gnon faites beau­coup pour que votre fille se sente mieux.
      Si vous pen­sez qu’une hos­pi­ta­li­sa­tion est néces­saire pour que votre fille ne se mette plus en dan­ger, vous pou­vez le lui pré­sen­ter comme tel. Ce n’est pas un rejet, mais par­fois, mal­gré notre amour de parent et notre bien­veillance, nous devons faire appel à des pro­fes­sion­nels. En tant que parent, nous devons l’ac­cep­ter, pour que notre enfant l’ac­cepte aus­si et puisse par­ti­ci­per à son pro­ces­sus de guérison.
      En cas d’in­cer­ti­tude, vous pou­vez contac­ter 24 h/ sur 24 le n° 119 : Enfance en dan­ger.

      Voi­ci un article réca­pi­tu­la­tif des ser­vices spé­cia­li­sés : URGENCES et Ser­vices Spécialisés

      Cou­rage,

      Carole.

  6. Fram

    Ma fille a été ano­rexique suite à du har­cè­le­ment au collège .
    Un an d hos­pi­ta­li­sa­tion , les sca­ri­fi­ca­tions ont com­men­cé à ce moment là.
    L’hospitalisation était néces­saire , elle refu­sait de boire , man­ger, refus de s assoir.
    Sco­lai­re­ment tou­jours brillante même à l’hôpital .
    Elle est actuel­le­ment au lycée , nous reproche de l’avoir mise en sec­tion s ( mais veut deve­nir Kiné ou archi­tecte …) les sca­ri­fi­ca­tions conti­nuent ‘: une his­toire d’amour qui tourne mal, une angoisse , une mau­vaise note, une dis­pute avec ses amis. Elle est ultra sen­sible , très sociable mais le har­cè­le­ment a était le déclen­cheur de 5 ans de galère. Les psy­chiatres lui ont don­né du pro­zac durant 3 ans et elle ne veut plus suivre ce trai­te­ment. Nous allons essayer l emdr …

  7. PLAS

    Bon­jour ;
    Mon petit-fils, presque 17ans, se sca­ri­fie les bras avec des rasoirs ou objets tran­chants. Sa garde nous a été confiée par la Juge des Enfant car sa maman est malade psy­chia­trique et son père les a aban­don­né lors­qu’il avait 3 semaines. Il nie le har­cè­le­ment xéno­phobe dont il a été vic­time au Col­lège. Il n’a pas sup­por­té l’in­ter­nat, ni la demi-pen­sion et nous avons démé­na­gé pour qu’il soit externe et plus proche de nous. Mais il veut main­te­nant aban­don­ner la seconde géné­rale, refuse d’al­ler au lycée alors qu’il n’a aucune idée d’o­rien­ta­tion par­ti­cu­lière. Sur les réseaux qui occupent tout son temps, il a “ren­con­tré” une jeune fille de 18ans qui sou­haite le ren­con­trer hors pré­sence de ses parents. Nous lui avons par­lé de la néces­si­té des pré­ser­va­tifs car l’at­ti­tude de la jeune fille nous sur­prend. Elle se dit amou­reuse sans l’a­voir jamais vu (pas même en pho­to) et ne le connaît que depuis 3 semaines. Sommes-nous démo­dés ? Nous savons qu’il est com­plexé par rap­port aux autres gar­çons qui ont “une meuf” depuis long­temps ! Nous sommes éga­le­ment pré­oc­cu­pés par le retour “sur­prise” de son père qui pré­tend en reprendre la garde et s’est réins­tal­lé chez la mère dans ce but. Notre petit-fils fait donc l’ob­jet d’un sui­vi impor­tant et épui­sant car les avis dif­fèrent et le per­turbent autant que nous. Seul le pédo­psy­chiatre qui le suit depuis tout petit, nous encou­rage, nous défend et affirme que nous avons tou­jours su réagir avec lui, avec sa maman, et avec son papa qui nous accusent de lui mon­ter le coup contre eux. Nous ne savons pas si nous devons l’au­to­ri­ser à ren­con­trer cette jeune fille naîve, déver­gon­dée ou incons­ciente dont il semble amoureux…
    Etre parents est dif­fi­cile. Etre grands-parents dépen­dant des Juges est un cal­vaire car le moindre faux pas peut avoir des consé­quences irrémédiables.
    mer­ci pour vos conseils.

    • Carole Levy

      Votre situa­tion, ain­si que celle de votre petit-fils est très difficile.
      Et vous avez dit l’es­sen­tiel : son pédo­psy­chiatre vous soutient.
      Beau­coup de choses se bous­culent dans sa vie, et une rela­tion amou­reuse “vir­tuelle” n’est pas for­cé­ment un élé­ment stabilisateur.
      Beau­coup de jeunes de nos jours tombent amou­reux “en vir­tuel”, car dans la vie réelle, c’est très dur de “conclure” ou de se faire rejeter.
      Ce n’est pas pour autant une rela­tion à encou­ra­ger, à mon sens.
      Un ado fra­gi­li­sé a besoin de “vrais” gens autour de lui, de “vraies rela­tions” pour sur­mon­ter ses difficultés.
      Mon fils est pas­sé par là aus­si. La condi­tion pour qu’il la voie, était que cela soit en notre pré­sence, et ce n’é­tait pas négociable.
      Au final, il ne l’a jamais ren­con­trée … si elle “exis­tait” vrai­ment, et ça nous n’en sommes même pas sûrs.
      Un ado qui se sent seul, cherche à se “caser” comme ses copains. Mais au final, ce dont il a besoin, c’est de se sen­tir aimé, sur­tout s’il a subi du har­cè­le­ment étant plus jeune.
      Beau­coup de ques­tions en un seul post …
      L’a­ban­don de la seconde géné­rale … savoir ce qui lui plait vrai­ment pour qu’il se motive à pour­suivre sa sco­la­ri­té, quitte à ce que cela soit dans une autre filière, pro par exemple. Le conseiller d’o­rien­ta­tion peut l’aider.
      Quant à son père qui revient par “sur­prise”, quel autre argu­ment peut-il avan­cer que celui que vous avez “mon­té un coup”.
      Ce que vous avez fait, visi­ble­ment, c’est pro­té­ger votre petit-fils.
      Je vous sou­haite beau­coup de cou­rage, ayez confiance en votre capa­ci­té à sur­mon­ter vos dif­fi­cul­tés, et chaque petit pas vous rap­pro­che­ra des solu­tions durables.
      Vous pou­vez contac­ter l’U­na­fam, qui est une asso­cia­tion qui vient en aide aux familles dont un proche à une mala­die psychiatrique.
      Ils ont aus­si une per­ma­nence téléphonique.
      https://​www​.una​fam​.org/
      Tenez-moi au cou­rant par mail si vous voulez.

      Bien à vous,
      Carole.

  8. Thierry

    Bon­jour,
    Nous savions, ma femme et moi, que l’a­do­les­cence n’est pas tou­jours facile à gérer, mais nous ne pen­sions pas vivre ces instants.
    Notre fille unique vient d’a­voir 15 ans, c’est une très bonne élève, et nous pen­sons être des parents modernes, tou­jours ouverts à toute dis­cus­sion, à l’é­coute de notre fille en per­ma­nence, tou­jours dis­po­nibles pour l’ai­der au niveau scolaire.
    En avril, 1ère alerte de la psy­cho­logue du col­lège pour nous infor­mer que notre fille l’a­vait consul­tée et qu’elle avait des ten­dances suicidaires.
    L’o­ri­gine : la mort de son arrière grand mère et en même temps son 1er petit ché­ri qui la quitte.
    Quoi de pire que d’en­tendre son enfant vous dire froi­de­ment droit dans les yeux que si elle avait vou­lu mou­rir elle l’au­rait déjà fait et que nous n’au­rions rien pu faire.
    Hier, 2ème épi­sode, le 2ème petit ché­ri décide lui aus­si de la quit­ter alors qu’il a pas­sé 10 jours en vacance avec nous et que nous pen­sions qu’ils étaient très amou­reux tous les deux.
    Bilan, notre fille a pris à un rasoir et elle s’est sca­ri­fiée les deux avant bras.
    Nous sommes cho­qués et sur­tout nous culpa­bi­li­sons car nous n’a­vons rien vu venir.
    Le pire est que nous avons appris hier aux urgences que ce n’é­tait pas la 1ère fois qu’elle le faisait.
    Nous sommes per­dus, angois­sés qu’elle se retrouve seule à la mai­son et nous nous sen­tons impuissants.

    • Carole Levy

      Bon­jour Thierry,
      Mer­ci pour le cou­rage de ce témoi­gnage, qui aide­ra, j’en suis sûre, d’autres parents … VOUS N’ETES PAS IMPUISSANTS.
      Puisque vous êtes conscients des dif­fi­cul­tés de l’adolescence, et que vous êtes ouverts à la dis­cus­sion et à l’écoute de votre fille, c’est déjà énorme.
      Si vous vous sen­tez si mal, et je suis pas­sée par là il y a quelques mois, c’est que vous pen­siez avoir tout mis en œuvre pour évi­ter que votre fille se fasse du mal.
      Quand l’enfant met au cou­rant ses parents de ses muti­la­tions, c’est qu’il vous demande son aide urgente. Et main­te­nant vous pou­vez en par­ler ensemble.
      Je vous sug­gère de conti­nuer à lui par­ler autant qu’elle en expri­me­ra le besoin, de lui expri­mer votre inquié­tude et votre désir de ne plus la voir se faire du mal et se mettre en danger.
      Il y a d’autres moyens d’exprimer sa douleur.
      Une rup­ture amou­reuse à 15 ans est une catas­trophe émo­tion­nelle. Deux, n’en par­lons pas …
      Pour sur­mon­ter une bles­sure amou­reuse, un ado va par­fois vou­loir se « gué­rir » avec une autre rela­tion. Mais s’aimer soi-même et s’accepter est déjà un énorme travail …
      Vous pour­riez lui par­ler de vos dif­fi­cul­tés, et des manières dont vous les avez sur­mon­tées, et lui dire qu’elle pos­sède en elle les res­sources pour sur­mon­ter sa douleur.
      Selon moi, un pas­sage à l’acte néces­site un sou­tien psy­cho­lo­gique, pour l’enfant et pour les parents, pour vous aider à sur­mon­ter cette épreuve.
      Bien à vous.

      • Thierry

        Bon­jour Carole et mer­ci pour votre message.

        Nous avons décou­vert qu’il est qua­si­ment impos­sible de trou­ver un pédo­psy­chiatre en urgence sans faire au mini­mum 45 km.

        Après 2 jours pas­sés au télé­phone, pro­fi­tant d’un désis­te­ment, nous avons pu emme­ner notre fille ren­con­trer une psy­cho­logue avec qui le contact s’est très bien pas­sé, car depuis enfin le déclic per­met­tant d’ac­cep­ter la rup­ture du “petit copain” est arri­vé et les crises de larmes enfin finies.

        Nos diverses dis­cus­sions pour essayer de la rap­pe­ler notre pré­sence, lui pro­po­ser de l’a­mour, du sou­tien et de l’aide ne nous ras­surent pas encore com­plè­te­ment car elle reste dans sa logique que son acte est “banal” et qu’il lui a fait du bien, elle ne voit tou­jours pas que c’est une vio­lence phy­sique pour son corps qui aurait pu mal se ter­mi­ner si ses coups de rasoir avaient été plus appuyés, et elle prend pas la mesure de notre souffrance.

        La psy­cho­logue nous a dit que nous ne devions pas nous sen­tir cou­pables, mais dif­fi­cile pour moi car j’ai du mal à accep­ter que cela se soit fait en ma pré­sence et que je n’ai pas pu l’éviter.

        L’i­mage de ma fille que j’au­rai pu trou­ver dans un bain de sang au sol me hante encore et c’est très dur de ne pas y penser.

        Aujourd’­hui, nous essayons de recons­truire un lien et sur­tout la confiance avec notre fille car c’est quelque chose qui est dif­fi­cile à accep­ter, ne plus avoir confiance en elle quand elle nous dit que tout va bien, on devient très vite para­no et l’i­ma­gi­naire est très fertile.

        J’a­voue que ce forum est comme une séance de psy­cho­logue pour moi, mais si notre his­toire per­met à d’autres de trou­ver des simi­li­tudes et donc de ne pas trop culpa­bi­li­ser (facile à dire !), cela aura au moins ser­vi à quelque chose.

  9. Jessica

    Bon­jour.

    Ma fille se 14 ans se sacri­fie depuis 6 mois. Elle est en souf­france car elle n’ar­rive pas à s’ai­mer. Il y a 1 an elle a fait une TS. Depuis elle a un sui­vi psy­cho­lo­gique. Les sca­ri­fi­ca­tions sont arri­vés plus tard. Aujourd’­hui je suis dému­nie face à ça. Elle arrive à me par­ler et dis que cela la soulage…la dou­leur phy­sique prend le des­sus sur la dou­leur psy­chique. Je ne sais plus quoi faire pour l’ai­der car il y a des périodes où ça va et puis rechute.

    • Carole Levy

      Bon­jour Jessica,
      C’est très dur. Le début de l’a­do­les­cence est par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­cile, car l’en­fant, pas encore adulte, subit de plein fouet de nom­breuses trans­for­ma­tions phy­siques et men­tales, et a du mal à se recon­naitre, à s’ac­cep­ter et à s’ai­mer. Ton enfant est sui­vie par un pro­fes­sion­nel, elle sou­haite aller de l’a­vant, c’est très impor­tant. Comme le dit Jes­si­ca dans les com­men­taires plus haut, il est impor­tant d’ap­por­ter son amour à son enfant en souf­france, et de se faire aider aus­si soi-même par un pro­fes­sion­nel, pour ne pas se poser sans cesse la ques­tion : “Qu’est-ce que j’ai raté pour qu’il fasse cela ?”.
      Quand j’ai écrit cet article, je n’a­vais pas eu à faire face à cette souf­france dans ma famille. Depuis, les choses ont chan­gé, et j’a­voue que la crainte de la “réci­dive” est un véri­table poi­son de la vie fami­liale. On se demande s’il est judi­cieux de trop le lais­ser seul, s’il faut cacher tous les objets à risque dans la mai­son, etc. Il peut être très dif­fi­cile d’a­voir confiance en l’a­ve­nir, mais il faut bien avan­cer. Et dire à son ado : “J’ai confiance en toi, tu vas trou­ver des moyens de sou­la­ger ta souf­france psy­cho­lo­gique de manière dif­fé­rente, sans mettre ton corps en dan­ger. Tu as les capa­ci­tés d’y arri­ver. Je t’aime”, per­met d’al­ler de l’avant.
      Bien à vous,
      Carole.

    • Kalifa Sophiana

      vos réponses m’aident beau­coup car je suis une ado­les­cente de 17 ans et je suis aus­si dans les sca­ri­fi­ca­tions et ma mère la su et elle n’a rien dit ni rien fait elle me laisse dans ma souf­france et sa c’est très dur je ne la com­prends pas des fois elle voit les cica­trices mais pour elle, elle s’en fiche pour moi je peux me sca­ri­fier elle vient même pas me par­ler de mes ^pro­blèmes et que je souffre

  10. Carole Levy

    Bon­jour Magalie,
    Ton témoi­gnage est très cou­ra­geux, et je t’en remercie.
    Tu donnes beau­coup d’es­poir à ceux qui te lisent.
    Tu as rai­son, en tant que parent, nous pou­vons être dépas­sés par nos dif­fé­rents pro­blèmes, et le manque de com­mu­ni­ca­tion, sur­tout non vio­lente, nuit à la rela­tion épanouie.
    Pour aider nos enfants, il ne faut pas hési­ter à deman­der de l’aide aus­si pour soi, quelle qu’elle soit, grande ou petite.
    Merci.
    Carole.

  11. Magalie

    Bon­jour,

    J’ai aujourd’­hui 32 ans et je me suis moi-même sca­ri­fiée durant mon ado­les­cence. J’en garde 5 ou 6 traits blancs sur mon avant bras gauche.

    Mal dans ma peau, en sur­poids et cata­lo­guée d’of­fice comme “la bonne copine”, je n’é­tais pas remar­quée à l’é­cole. Mais j’a­vais encore moins envie de ren­trer à la mai­son où mes parents se déchi­raient depuis quelques années déjà, pous­sant mon père à la bois­son… Et à des épi­sodes de mal­trai­tance physique.

    Je res­sen­tais vrai­ment ce sen­ti­ment d’a­pai­se­ment que vous décri­vez, c’é­tait la seule chose sur laquelle j’a­vais un contrôle et voir du sang “me libé­rait”, c’est assez étrange à dire. Mes parents ne voyaient rien, ou ne vou­laient pas voir que j’al­lais mal. Mes petites soeurs expri­maient leur mal être différemment.

    Un jour je me suis fait peur… J’a­vais une lame de rasoir “à l’an­cienne”, j’ai entaillé sur le des­sus du poi­gnet, là où la main se plie en fer­mant les yeux et d’un coup sec… L’ entaille s’est avé­rée beau­coup trop pro­fonde. J’ai su réagir rapi­de­ment, en pliant la main immé­dia­te­ment pour empê­cher l’hé­mor­ra­gie. J’ai dés­in­fec­té, mis des ste­ris­trips… La plaie à fini par cica­tri­ser, j’ai invo­qué un acci­dent avec une paire de ciseaux et là encore per­sonne n’a rien vu…

    J’ai arrê­té de me faire du mal phy­si­que­ment après cet épi­sode, mais j’ai conti­nué à grossir.

    Après des années de com­bat contre mon poids et mes démons, après avoir consul­té de bons psy­cho­logues et tra­vaillé sur mon épa­nouis­se­ment per­son­nel je suis sur la bonne voie, mais j’ai pris un retard consi­dé­rable dans mon che­mi­ne­ment. Mes soeurs et moi sommes mar­quées à vie et avons des séquelles psy­cho­lo­giques de cette période.

    Les rela­tions avec mon père aujourd’­hui sont excel­lentes, j’ai par­don­né, j’ai com­pris tout ce qui à fait qu’il en soit arri­vé là. Ce n’est pas un homme mau­vais, il n’a plus jamais été violent par la suite.

    Mais ce fut des parents dépas­sés par leur paren­ta­li­té, leurs pro­blèmes de couple, leur manque de com­mu­ni­ca­tion, leurs propres névroses. Mal­heu­reu­se­ment il y a eu des vic­times collatérales.

    Je pense qu’on peux se sor­tir d’à peu près toutes les situa­tions, mais à condi­tion d’être bien entou­rés. Chers parents, pré­ser­vez vos enfants de vos conflits et effor­cez-vous d’ai­der vos enfants.

    Mer­ci pour votre écoute.

  12. lmsjess

    cou­cou le jour ou j’ai lu ton article je ne pen­sais pas pou­voir être concer­né un jour car pour moi il n’y avait aucune rai­son que ma fille puisse être mal­heu­reuse au point de se faire du mal, nous sommes une famille unie ou le dia­logue est ouvert et le non juge­ment sont nos valeurs.Mais le jour ou j’ai appris que ma fille s’é­tait sca­ri­fié suite à des moque­ries au col­lège que je qua­li­fie­rai de har­cè­le­ment (pour elle ce sont juste des vilaines blague)à ‘école cela a été très dure pour moi .J’ai relu ton article j y ai toute de suite pen­sé pour savoir com­ment réagir trou­ver les bon mots. je me suis sen­ti cou­pable , triste et en colère.J’en vou­lais à tous ces élèves qui non aucune empa­thie et aucune valeur .Alors j ai atten­du un peu que mes émo­tions se calment avant d’al­ler lui par­ler. je vou­drais dire aux parents concer­nés que c’est très dure à vivre mais en même temps je me disais que ma fille devait pou­voir comp­ter sur moi et son papa que c’é­tait un signe de souf­france extrême.Une infir­mière sco­laire m’a dit que les parents démis­sion­nait sou­vent dans ce cas là .….je l’ai décou­vert par hasard ‚elle cachait bien les choses. Je venais de me faire opé­rer et je pense qu’elle ne vou­lait pas de par­ler de ses sou­cis à l’é­cole .Je pense qu elle ne m’en aurait pas par­ler de toute façon car elle avait bien trop honte pour ça.Par contre elle n’a pas nié quand j’ai ouvert la conver­sa­tion avec elle​.Je lui ai dit sim­ple­ment :“je vois que en ce moment quelque chose ne va pas, tu sembles si triste et je sais que cer­tains ado exprime leur souf­france avec leur corps alors je vais te poser la ques­tion est que tu t’es déja fait du mal quand tu étais trop triste ?il est impor­tant de mettre nos émo­tions de coté pour être à l’é­coute car pour eux ‚il s’en veule énor­mé­ment et encore plus quand il voit que cela nous affecte aus­si .Mais je lui ai répé­té notre amour pour elle et je lui ai rap­pe­lé que elle aus­si s’inquiétait pour moi quand j’étais malade et quand on aime on prends soin des per­sonnes qui compte pour nous .…Ce que j’ai pu voir c’est que ce sont sou­vent des ados qui ont du mal a pleu­rer et qui contiennent leur souffrance.Le plus triste c’est qu ‘elle connait de nom­breux jeunes dans son col­lège (beau­coup des filles) qui sont dans ce cas et vive cela seul et le cache à leurs parents .…Alors parents ouvrez vos yeux et votre coeur ‚si votre enfant perd son jolie sou­rire, s’il ne mets plus de mayot de bain ‚de short mais reste en été en pan­ta­lon avec des manches longues aler­tez vous il se peut qu’il veule dis­si­mu­ler des marques.Elle s’é­tait fait des marques sous le des­sous des bras(3 ou 4) heu­reu­se­ment super­fi­cielle mais assez pour qu’il reste une petite cica­trice et sur le haut des cuisses qu on ne voit plus …Nous l’ac­com­pa­gnons au mieux et je suis contente de l’a­voir décou­vert car on reste plus en alerte sur­tout qu’ on la su presque tout de suite et elle n’a pas trop de marque.c’est un tra­vail de longue haleine mais nous l’ac­com­pa­gnons pour chan­ger sa pos­ture à l’é­cole , être moins sen­sible face au moque­ries apprendre à répondre et sur­tout trou­ver un autre moyen d’ex­pri­mer sa tris​tesse​.Si vous êtes concer­né parents ‚ne res­ter pas seul par­ler peut aider .On se sent assez dému­nie sur­tout qu on ne trouve pas vrai­ment d’aide autour de nous .Même si c’est dif­fi­cile ‚ne pas en avoir honte non plus d’autres s’a­don­ne­ront aux drogues ou à l’al­cool, Je témoigne pour aider d’autres parents qui serait dans ce cas. Sur­tout si vos enfants sont sen­sibles faite attention.…Garder en tête que l’a­do cherche à faire sor­tir sa souf­france et à un moment et qu ‘il n’a pas trou­vé d’autres solu­tions .j’ai eu besoin d’en par­ler avec des gens de confiance car on se demande aus­si qu’est ce que on a raté dans l’é­du­ca­tion de nos enfants ‚on se dit qu’on lui a pas don­ner suf­fi­sam­ment d’armes pour affron­ter ce monde par­fois difficile.…C’est mal­heu­reu­se­ment une pra­tique qui est deve­nu très cou­rante et qui peut mener à une véri­table addic­tion si elle per­dure .A ce moment là ‚votre enfant a besoin de vous.
    Ma fille n’a pour l’ins­tant pas recom­men­cé je véri­fie dès que je l’a­mène faire les bou­tiques ou à l’es­thé­ti­cienne par ex mais je sais que sa souf­france n’a pas disparu.…

    mer­ci Carole pour ton article qui m’a aidé à trou­ver les bons mots même quand notre coeur de maman souffre aussi .…

    • Carole Levy

      Bon­jour,

      Je te remer­cie d’a­voir par­ta­gé avec nous cette expé­rience en cours. C’est très dif­fi­cile de prendre de plein fouet la souf­france de son ado, et de gérer la sienne.
      Par delà ce pas­sage dif­fi­cile, c’est for­mi­dable que vous ayez pu en par­ler, et qu’elle sache que sa famille est pré­sente pour la soutenir.
      Je vous sou­haite à tous beau­coup de cou­rage, et que les moments sereins reviennent et perdurent.

      Carole.

  13. Nathalie

    La sca­ri­fi­ca­tion est l’ex­pres­sion d’un mal-être. Je l’ai vécue avec ma fille. C’est par une cama­rade de classe qui elle ‑même en a par­lé à sa mère que j’ai su que ma fille se scarifiait.

    A l’é­poque, ma fille vivait avec son père, vic­time d’a­lié­na­tion paren­tale. C’é­tait pour elle une façon d’ex­pri­mer sa souf­france. Sauf que son père ne vou­lait pas voir, et que moi je n’é­tais pas près d’elle.

    Le jour où elle s’est sca­ri­fiée un peu plus pro­fon­dé­ment, au col­lège, c’est moi qu’elle a fait appe­lé. Nous en avons tout de suite par­lé, nous avons ren­con­tré des psy­cho­logues. La sca­ri­fi­ca­tion était pour elle des appels au secours. Cela a mis du temps pour qu’elle aille mieux. Elle a rechu­té quelques fois. Mais tout va bien aujourd’hui.

    Elle regrette aujourd’­hui ce qu’elle a fait et ces marques indé­lé­biles sur ses bras qu’elle n’ose pas décou­vrir l’été.

    Je conseille­rais aux parents concer­nés d’être bien­veillants et dans le dia­logue pour aider leur ado à s’en sortir.

    • Carole Levy

      Bon­jour Nathalie,

      Je vous remer­cie pour votre témoi­gnage. Il est dif­fi­cile de par­ler de ce genre d’ex­pé­riences, et pour­tant indis­pen­sable, pour per­mettre de s’en distancier.
      Je sou­haite à votre fille et à vous-même beau­coup de belles choses pour atté­nuer ces marques.
      A bien­tôt sur Ado­les­cence Positive,

      Carole.

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