Enfant expatrié de la Troisième Culture | Ce qu’il faut savoir

Enfant de la troisième culture

Auteurs invités :

Blan­dine Simon

Crédits photo : Pixa­bay

Vous envi­sa­gez de par­tir vous ins­tal­ler à l’étranger avec votre famille ? Votre entre­prise vous pro­pose un contrat d’expatriation, vous êtes en pleine réflexion quant à la déci­sion à prendre ? Quoi de plus légi­time ! De nom­breuses inter­ro­ga­tions vous viennent à l’esprit. Vos enfants seront-ils heu­reux de vivre une telle expé­rience ? Seront-ils épa­nouis dans un nou­veau pays avec des us et cou­tumes mécon­nus ? Com­ment pour­rez-vous les accom­pa­gner pour gérer au mieux leur inté­gra­tion au sein de cette com­mu­nau­té d’expatriés sur­nom­mée « enfant expa­trié de la troi­sième culture » ? 

Qu’est-ce qu’un enfant de la troisième culture ?

Un enfant expa­trié de la troi­sième culture, appe­lé cou­ram­ment « Third Culture Kid » (TCK), se forge une culture dif­fé­rente de celle de ses parents et de celle de son pays d’accueil. L’enfant expa­trié va s’identifier dans cer­taines mesures à ces dif­fé­rentes cultures, sans pour autant s’en impré­gner tota­le­ment. D’où cette notion de troi­sième culture.

Ces enfants sont sou­vent jalou­sés, car leur mode de vie fait des envieux. En effet, ils résident dans de belles demeures avec du per­son­nel à leur ser­vice, voyagent énor­mé­ment, deviennent bilingues pour la plupart …

Néan­moins, tout n’est pas tou­jours rose. Plu­sieurs cri­tères doivent entrer en consi­dé­ra­tion dans le cadre de leur épa­nouis­se­ment per­son­nel : le choc cultu­rel des nou­veaux pays, la fré­quence des démé­na­ge­ments, et l’âge de l’enfant au moment des mobi­li­tés géo­gra­phiques. Sur le plan psy­chique, affec­tif et émo­tion­nel, vos enfants évo­lue­ront dif­fé­rem­ment que s’ils avaient vécu dans un seul pays.

Spon­ta­né­ment, un lien d’appartenance va se créer au sein de cette com­mu­nau­té d’en­fants de la troi­sième culture (ETC). Effec­ti­ve­ment, votre enfant fran­çais éle­vé au Pérou se rap­pro­che­ra plus faci­le­ment d’un cama­rade amé­ri­cain qui aura pas­sé son enfance à Mada­gas­car, que d’un enfant « fran­çais de France ». Vos ché­ru­bins vont donc s’en­tou­rer d’autres jeunes ayant les mêmes par­ti­cu­la­ri­tés qu’eux. Ils pren­dront place natu­rel­le­ment au sein de cette nou­velle alliance multiculturelle.

Les avantages émanant de cette troisième culture 

De nos jours, vous êtes de plus en plus nom­breux à avoir l’opportunité de décou­vrir les joies d’une expé­rience à l’in­ter­na­tio­nal. Ruth Van Reken, socio­logue amé­ri­caine, a mené de nom­breuses études dans le but d’appréhender au mieux cette troi­sième culture. Elle a ain­si consta­té que vos enfants expa­triés sont dotés d’une ouver­ture d’esprit remar­quable. En effet, ils savent que l’on peut per­ce­voir une même réa­li­té selon dif­fé­rents points de vue. Ils sont aus­si en mesure d’imaginer plu­sieurs scé­na­rios sui­vant diverses pers­pec­tives et croyances.

L’avantage indé­niable de cette troi­sième culture repose sur une adap­ta­tion rapide à un nou­vel envi­ron­ne­ment. Vos enfants expa­triés sont d’ailleurs sou­vent com­pa­rés à des « camé­léons cultu­rels ». Ils deviennent très tolé­rants quant à la diver­si­té. Leurs amis sont de natio­na­li­tés variées avec des cou­leurs de peaux dif­fé­rentes. Les ETC res­pectent ces dis­sem­blances tout en les accep­tant volon­tiers. Ces enfants déve­loppent ain­si des valeurs saines qu’ils conser­ve­ront à l’âge adulte.

Autre point béné­fique et non des moindres, les ETC ne connaissent pas, ou très peu, le fléau dévas­ta­teur qu’est le har­cè­le­ment sco­laire. Har­cè­le­ment subi par de nom­breux élèves en France.

En effet, l’école fran­çaise à l’étranger sym­bo­lise un cocon d’apprentissage, puisque la majeure par­tie des élèves appar­tient à cette troi­sième culture. De fait, la cohé­sion et l’entraide sont de mise pour une bonne inté­gra­tion sco­laire. Vos enfants bai­gne­ront donc dans une com­mu­nau­té bienveillante.

Les défis à relever pour un enfant expatrié de la troisième culture

L’identité cultu­relle fran­çaise de vos enfants sera pro­ba­ble­ment ame­née à se diluer, et ce, par­fois à votre grand regret. Tout dépen­dra, bien enten­du, de la durée de votre expa­tria­tion. Plus cette der­nière sera longue, plus les effets seront visibles. De sur­croît, selon l’âge de votre pro­gé­ni­ture, son équi­libre per­son­nel pour­ra être impac­té. Soyez ras­su­ré, vous allez décou­vrir ci-des­sous com­ment sur­mon­ter ces difficultés !

La quête perpétuelle d’un sentiment d’appartenance

Au fil du temps, la France ne repré­sen­te­ra pour votre des­cen­dance qu’un lieu de vil­lé­gia­ture où elle retrou­ve­ra ses cou­sins, oncles, tantes et grands-parents. Mais cer­tai­ne­ment pas son pays d’origine. Le sen­ti­ment d’appartenance est l’un des défis les plus dif­fi­ciles à rele­ver pour cette géné­ra­tion d’ETC. Ils ne savent pas d’où ils viennent puisqu’ils démé­nagent régu­liè­re­ment. Au fur et à mesure de leurs expa­tria­tions, ils man­que­ront de connais­sances sur la culture fran­çaise clas­sique, mais aus­si populaire.

Vos enfants expa­triés seront notam­ment confron­tés à un réel déca­lage sur le plan du voca­bu­laire employé dans le lan­gage cou­rant. Pre­nez, par exemple, un ETC fran­çais expa­trié au Bénin. Vous l’entendrez fré­quem­ment dire tris­te­ment que son jouet est « gâté ». Un enfant « fran­çais de France » le regar­de­ra les yeux écar­quillés sans en com­prendre le sens. Car lui-même uti­li­se­ra plu­tôt le terme « cas­sé ». Ain­si, les points de repère des enfants expa­triés sont cham­bou­lés à chaque retour au pays.

Leur ado­les­cence est éga­le­ment retar­dée, car ils doivent recom­men­cer le pro­ces­sus de connais­sance cultu­relle du nou­veau pays où ils emmé­nagent. Cela arrive en moyenne tous les trois ans. Ils repartent tou­jours de zéro, alors que les enfants séden­taires ont déjà inté­gré et assi­mi­lé ces fon­de­ments, et les appliquent tout au long de leur développement.

En tant que parents, il vous revient alors de les ras­su­rer et de les épau­ler dans cette quête identitaire.

Com­ment vous y prendre ?

Pour com­men­cer, ren­trez régu­liè­re­ment dans votre pays d’origine, en l’occurrence la France. Vous mon­tre­rez ain­si à vos enfants les aspects de votre culture qui vous importent le plus. Ensuite, par­ta­gez avec eux les sou­ve­nirs de votre propre enfance dans des lieux qui vous sont chers. Cela vous per­met­tra, par la même occa­sion, de ren­for­cer vos liens affectifs.

L’absence d’équilibre personnel : source de mal-être à l’adolescence

Tout d’abord, en tant que parents, vous per­ce­vez cer­tai­ne­ment les avan­tages réels et notam­ment finan­ciers d’une telle oppor­tu­ni­té pro­fes­sion­nelle. Ensuite, vous êtes pro­ba­ble­ment séduits par le fait que vos enfants étu­dient dans des écoles fran­çaises d’excellents niveaux (affi­liées AEFE), parlent cou­ram­ment une nou­velle langue, découvrent de nom­breux pays …

Néan­moins, cette ver­sion idyl­lique cache une pro­blé­ma­tique essen­tielle, à savoir l’absence d’équilibre per­son­nel. En effet, les notions de sta­bi­li­té et de sécu­ri­té à l’âge où se forme la per­son­na­li­té peuvent impac­ter lour­de­ment vos enfants. Bon nombre d’adolescents de cette troi­sième culture se replient sur eux-mêmes, sans expri­mer ver­ba­le­ment leur malaise.

La com­mu­ni­ca­tion non ver­bale prend alors tout son sens. Soyez bien atten­tif au chan­ge­ment de com­por­te­ment de votre ado­les­cent. Ce constat n’impacte que rare­ment vos enfants jusqu’à 11 ans, car pour eux, seul le cercle fami­lial demeure capital.

Ce mal-être concerne donc majo­ri­tai­re­ment les ado­les­cents. Ils devront impé­ra­ti­ve­ment échan­ger avec vous à pro­pos de leurs res­sen­tis, leurs angoisses et leurs craintes. En effet, ce sont les liens sociaux qui importent à l’adolescence. Ces liens avec les pairs défi­nissent l’identité de chaque indi­vi­du. Si vos enfants sont ado­les­cents à l’heure du démé­na­ge­ment, il vous fau­dra donc recher­cher avec eux des groupes spor­tifs ou cultu­rels dans le futur pays d’accueil. Vos enfants tis­se­ront ain­si rapi­de­ment de nou­veaux liens, vitaux pour leur équi­libre émotionnel.

Vos enfants expa­triés ont aus­si besoin d’être épau­lés dans le pro­ces­sus de deuil lié à leur pré­cé­dente expa­tria­tion. Ain­si, les pages écrites lais­se­ront place à de nou­velles feuilles blanches, qu’ils auront hâte de com­plé­ter. Pour ce faire, l’écoute et le dia­logue consti­tuent les bases fon­da­men­tales. La com­mu­ni­ca­tion au sein de votre uni­té fami­liale doit être un refuge où vos enfants pui­se­ront leur force.

Afin de les assis­ter dans cette démarche de deuil, orga­ni­sez, par exemple, une fête pour célé­brer votre départ. Cette récep­tion per­met­tra à la fra­trie, mais aus­si à vous, parents, de clô­tu­rer une étape avant d’en enta­mer une nouvelle. 

Une cohésion familiale

Une cohé­sion fami­liale basée sur le dia­logue sera donc la réponse aux dif­fé­rentes pré­oc­cu­pa­tions que vous ren­con­tre­rez en expa­tria­tion. Par ce biais, vous allez ins­tau­rer un cli­mat sécu­ri­sant pour vos enfants. Gar­dez à l’esprit que cette aven­ture extra­or­di­naire est une chance pour eux ! Un enfant expa­trié de la troi­sième culture res­sor­ti­ra inévi­ta­ble­ment enri­chi d’une telle expé­rience. L’apprentissage des langues, l’ouverture d’esprit, la tolé­rance et l’adaptabilité à toute épreuve repré­sentent des atouts majeurs qui lui ser­vi­ront iné­luc­ta­ble­ment à l’âge adulte.

Bienvenue sur Adolescence Positive !

Photo de Carole Levy

Vous êtes parent, édu­ca­teur ou ani­ma­teur. Vous vous inté­res­sez par­ti­cu­liè­re­ment à la période de l’a­do­les­cence… Vous êtes au bon endroit !

Je m’ap­pelle Carole Levy et je par­tage avec vous mes appren­tis­sages, mes expé­riences et mes connais­sances.

Pour savoir pour­quoi et com­ment, je vous l’ex­plique dans “A pro­pos.”

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