Vous envisagez de partir vous installer à l’étranger avec votre famille ? Votre entreprise vous propose un contrat d’expatriation, vous êtes en pleine réflexion quant à la décision à prendre ? Quoi de plus légitime ! De nombreuses interrogations vous viennent à l’esprit. Vos enfants seront-ils heureux de vivre une telle expérience ? Seront-ils épanouis dans un nouveau pays avec des us et coutumes méconnus ? Comment pourrez-vous les accompagner pour gérer au mieux leur intégration au sein de cette communauté d’expatriés surnommée « enfant expatrié de la troisième culture » ?
Qu’est-ce qu’un enfant de la troisième culture ?
Un enfant expatrié de la troisième culture, appelé couramment « Third Culture Kid » (TCK), se forge une culture différente de celle de ses parents et de celle de son pays d’accueil. L’enfant expatrié va s’identifier dans certaines mesures à ces différentes cultures, sans pour autant s’en imprégner totalement. D’où cette notion de troisième culture.
Ces enfants sont souvent jalousés, car leur mode de vie fait des envieux. En effet, ils résident dans de belles demeures avec du personnel à leur service, voyagent énormément, deviennent bilingues pour la plupart …
Néanmoins, tout n’est pas toujours rose. Plusieurs critères doivent entrer en considération dans le cadre de leur épanouissement personnel : le choc culturel des nouveaux pays, la fréquence des déménagements, et l’âge de l’enfant au moment des mobilités géographiques. Sur le plan psychique, affectif et émotionnel, vos enfants évolueront différemment que s’ils avaient vécu dans un seul pays.
Spontanément, un lien d’appartenance va se créer au sein de cette communauté d’enfants de la troisième culture (ETC). Effectivement, votre enfant français élevé au Pérou se rapprochera plus facilement d’un camarade américain qui aura passé son enfance à Madagascar, que d’un enfant « français de France ». Vos chérubins vont donc s’entourer d’autres jeunes ayant les mêmes particularités qu’eux. Ils prendront place naturellement au sein de cette nouvelle alliance multiculturelle.
Les avantages émanant de cette troisième culture
De nos jours, vous êtes de plus en plus nombreux à avoir l’opportunité de découvrir les joies d’une expérience à l’international. Ruth Van Reken, sociologue américaine, a mené de nombreuses études dans le but d’appréhender au mieux cette troisième culture. Elle a ainsi constaté que vos enfants expatriés sont dotés d’une ouverture d’esprit remarquable. En effet, ils savent que l’on peut percevoir une même réalité selon différents points de vue. Ils sont aussi en mesure d’imaginer plusieurs scénarios suivant diverses perspectives et croyances.
L’avantage indéniable de cette troisième culture repose sur une adaptation rapide à un nouvel environnement. Vos enfants expatriés sont d’ailleurs souvent comparés à des « caméléons culturels ». Ils deviennent très tolérants quant à la diversité. Leurs amis sont de nationalités variées avec des couleurs de peaux différentes. Les ETC respectent ces dissemblances tout en les acceptant volontiers. Ces enfants développent ainsi des valeurs saines qu’ils conserveront à l’âge adulte.
Autre point bénéfique et non des moindres, les ETC ne connaissent pas, ou très peu, le fléau dévastateur qu’est le harcèlement scolaire. Harcèlement subi par de nombreux élèves en France.
En effet, l’école française à l’étranger symbolise un cocon d’apprentissage, puisque la majeure partie des élèves appartient à cette troisième culture. De fait, la cohésion et l’entraide sont de mise pour une bonne intégration scolaire. Vos enfants baigneront donc dans une communauté bienveillante.
Les défis à relever pour un enfant expatrié de la troisième culture
L’identité culturelle française de vos enfants sera probablement amenée à se diluer, et ce, parfois à votre grand regret. Tout dépendra, bien entendu, de la durée de votre expatriation. Plus cette dernière sera longue, plus les effets seront visibles. De surcroît, selon l’âge de votre progéniture, son équilibre personnel pourra être impacté. Soyez rassuré, vous allez découvrir ci-dessous comment surmonter ces difficultés !
La quête perpétuelle d’un sentiment d’appartenance
Au fil du temps, la France ne représentera pour votre descendance qu’un lieu de villégiature où elle retrouvera ses cousins, oncles, tantes et grands-parents. Mais certainement pas son pays d’origine. Le sentiment d’appartenance est l’un des défis les plus difficiles à relever pour cette génération d’ETC. Ils ne savent pas d’où ils viennent puisqu’ils déménagent régulièrement. Au fur et à mesure de leurs expatriations, ils manqueront de connaissances sur la culture française classique, mais aussi populaire.
Vos enfants expatriés seront notamment confrontés à un réel décalage sur le plan du vocabulaire employé dans le langage courant. Prenez, par exemple, un ETC français expatrié au Bénin. Vous l’entendrez fréquemment dire tristement que son jouet est « gâté ». Un enfant « français de France » le regardera les yeux écarquillés sans en comprendre le sens. Car lui-même utilisera plutôt le terme « cassé ». Ainsi, les points de repère des enfants expatriés sont chamboulés à chaque retour au pays.
Leur adolescence est également retardée, car ils doivent recommencer le processus de connaissance culturelle du nouveau pays où ils emménagent. Cela arrive en moyenne tous les trois ans. Ils repartent toujours de zéro, alors que les enfants sédentaires ont déjà intégré et assimilé ces fondements, et les appliquent tout au long de leur développement.
En tant que parents, il vous revient alors de les rassurer et de les épauler dans cette quête identitaire.
Comment vous y prendre ?
Pour commencer, rentrez régulièrement dans votre pays d’origine, en l’occurrence la France. Vous montrerez ainsi à vos enfants les aspects de votre culture qui vous importent le plus. Ensuite, partagez avec eux les souvenirs de votre propre enfance dans des lieux qui vous sont chers. Cela vous permettra, par la même occasion, de renforcer vos liens affectifs.
L’absence d’équilibre personnel : source de mal-être à l’adolescence
Tout d’abord, en tant que parents, vous percevez certainement les avantages réels et notamment financiers d’une telle opportunité professionnelle. Ensuite, vous êtes probablement séduits par le fait que vos enfants étudient dans des écoles françaises d’excellents niveaux (affiliées AEFE), parlent couramment une nouvelle langue, découvrent de nombreux pays …
Néanmoins, cette version idyllique cache une problématique essentielle, à savoir l’absence d’équilibre personnel. En effet, les notions de stabilité et de sécurité à l’âge où se forme la personnalité peuvent impacter lourdement vos enfants. Bon nombre d’adolescents de cette troisième culture se replient sur eux-mêmes, sans exprimer verbalement leur malaise.
La communication non verbale prend alors tout son sens. Soyez bien attentif au changement de comportement de votre adolescent. Ce constat n’impacte que rarement vos enfants jusqu’à 11 ans, car pour eux, seul le cercle familial demeure capital.
Ce mal-être concerne donc majoritairement les adolescents. Ils devront impérativement échanger avec vous à propos de leurs ressentis, leurs angoisses et leurs craintes. En effet, ce sont les liens sociaux qui importent à l’adolescence. Ces liens avec les pairs définissent l’identité de chaque individu. Si vos enfants sont adolescents à l’heure du déménagement, il vous faudra donc rechercher avec eux des groupes sportifs ou culturels dans le futur pays d’accueil. Vos enfants tisseront ainsi rapidement de nouveaux liens, vitaux pour leur équilibre émotionnel.
Vos enfants expatriés ont aussi besoin d’être épaulés dans le processus de deuil lié à leur précédente expatriation. Ainsi, les pages écrites laisseront place à de nouvelles feuilles blanches, qu’ils auront hâte de compléter. Pour ce faire, l’écoute et le dialogue constituent les bases fondamentales. La communication au sein de votre unité familiale doit être un refuge où vos enfants puiseront leur force.
Afin de les assister dans cette démarche de deuil, organisez, par exemple, une fête pour célébrer votre départ. Cette réception permettra à la fratrie, mais aussi à vous, parents, de clôturer une étape avant d’en entamer une nouvelle.
Une cohésion familiale
Une cohésion familiale basée sur le dialogue sera donc la réponse aux différentes préoccupations que vous rencontrerez en expatriation. Par ce biais, vous allez instaurer un climat sécurisant pour vos enfants. Gardez à l’esprit que cette aventure extraordinaire est une chance pour eux ! Un enfant expatrié de la troisième culture ressortira inévitablement enrichi d’une telle expérience. L’apprentissage des langues, l’ouverture d’esprit, la tolérance et l’adaptabilité à toute épreuve représentent des atouts majeurs qui lui serviront inéluctablement à l’âge adulte.
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