La patience active pour communiquer dans le respect avec votre ado

Cer­taines per­sonnes ont une capa­ci­té innée à la patience active. Elles gardent leur calme et n’u­ti­lise pas ou peu la fameuse phrase “Ma patience a des limites !”.
Je ne fais pas par­tie de ces per­sonnes. J’ai donc dû apprendre à culti­ver ma patience pour la faire gran­dir. Et j’a­voue ne pas être encore au bout de mes peines.
Cepen­dant, il faut sou­li­gner que les limites de la patience sont mou­vantes selon chaque per­sonne, son vécu, son envi­ron­ne­ment, son degré de récep­ti­vi­té ou de fatigue.

Et s’il était pos­sible de ne plus dépendre, ou si peu, de ces fac­teurs extérieurs ?

La “patience subie” versus la “patience active”

Contrai­re­ment à la patience dite “subie”, la patience dite “active” peut le per­mettre.
C’est la confé­rence don­née par Anne Pey­mi­rat, coach et auteur, qui me per­met d’i­ma­gi­ner cette possibilité.

La patience active peut se décom­po­ser en six étapes :

  • Arrê­tez ce que vous êtes en train de faire et allez à la ren­contre de votre enfant,
  • Atten­dez d’a­voir cap­té l’at­ten­tion de votre enfant,
  • For­mu­lez votre demande,
  • Deman­dez à votre enfant de refor­mu­ler votre demande,
  • Atten­dez,
  • Encou­ra­gez votre enfant.

Arrêtez ce que vous êtes en train de faire et allez à la rencontre de votre enfant

Vous demandez de remplir une tâche à votre ado… depuis l’autre bout de l’appartement

Votre ado est depuis plus de deux heures rivé à son écran. En se levant ce matin, il vous avait pro­mis, l’heure venue, de vous aider soit à poser la table, soit à ran­ger le bazar dans le garage, soit à faire du tri et de l’es­pace dans sa garde-robe.
Pris vous-même dans vos acti­vi­tés, vous êtes aga­cé de le voir jouer alors que vous êtes en train de cou­rir dans tous les coins de l’ap­par­te­ment pour y mettre un sem­blant d’ordre : linge, vais­selle, repas, pape­rasses, etc.

Vous aime­riez bien vous détendre un peu, mais vous pen­sez que ce n’est pas pos­sible tant que la tâche pré­vue avec votre ado ne sera pas accomplie.

Vous sou­hai­tez donc que votre ado vous rejoigne sans perdre de temps pour “faire ce qu’il y a à faire”, et l’ap­pe­lez de l’autre bout de l’ap­par­te­ment. Cela ne fait pas un pli. Il ne bouge pas. Cela vous étonne encore ?

Pourquoi votre ado ne réagit-il pas à vos appels ?

Pour­quoi n’a-t-il pas bou­gé ?
Pour des dizaines de rai­sons, dont les pre­mières pour­raient être :

  • Il n’a pas les mêmes notions de prio­ri­té que vous.
  • Votre ado­les­cent a com­plè­te­ment oublié que vous aviez pré­vu pour lui cette mer­veilleuse activité.
  • Il pense que si vous l’ap­pe­lez sans prendre la peine de venir le voir, c’est que ce n’est pas si impor­tant ou urgent que cela.

Mais pour vous, c’est impor­tant, il faut donc qu’il le com­prenne.

C’est pour cela qu’il faut arrê­ter votre tâche en cours, ou attendre de l’a­voir ache­vée, pour aller à sa ren­contre, là où il se trouve, et se mettre debout près de lui. Il consta­te­ra ain­si que vous avez quelque chose à lui dire.

Ima­gi­nez-vous crier à un col­lègue, de l’autre bout de l’o­pen space : “Eh ! On va en réunion main­te­nant t’as vu l’heure ?
Je sais, cer­taines per­sonnes le font. Il n’empêche, ce n’est pas la meilleur méthode pour convaincre de coopé­rer !

Attendez d’avoir capté l’attention de votre enfant

Si vous êtes là, debout devant votre ado, calme et sans bou­ger, et que vous le regar­dez, c’est sûr qu’il va finir par se rendre compte de votre pré­sence.
Et cela sera moins facile pour votre enfant de vous igno­rer. Vous maxi­mi­sez ain­si les chances qu’il vous entende quand vous vous adres­se­rez à lui 😉 .
Il se pour­rait même qu’il arrête son acti­vi­té en cours, pour vous deman­der pour­quoi vous êtes là devant lui.

Attendre qu’il vous regarde est la base de la communication.

Formulez votre demande

Une fois qu’il vous regarde, c’est le moment de for­mu­ler votre requête, sim­ple­ment et clai­re­ment.

Vous enten­drez sou­vent des phrases du type “Je ne peux pas faire pause” ou “C’est pas le moment là, quoi, je suis occu­pé !

Ce à quoi j’ai ten­dance à répondre “Tu vas bien trou­ver un moyen, moi tu vois j’y suis arri­vée, à faire pause” ou “Nous avions pré­vu cela ce matin, et je te l’ai rap­pe­lé il y a dix minutes pour que tu t’y pré­pares ” .

Demandez à votre enfant de reformuler votre demande

Il y a quelques années, dans le cadre de mon tra­vail, j’ai été ame­née à faire un stage sur l’asser­ti­vi­té.
L’as­ser­ti­vi­té désigne la capa­ci­té à s’exprimer et à défendre ses droits sans empié­ter sur ceux des autres.

Ce qui m’a le plus mar­qué dans ces trois jours de for­ma­tion, c’est la tech­nique uti­li­sée pour véri­fier que les infor­ma­tions trans­mises ont bien été com­prises, à savoir enga­ger son inter­lo­cu­teur à refor­mu­ler la demande que vous venez de lui faire.

Res­tez devant votre ado et deman­dez-lui de confir­mer qu’il a bien com­pris votre demande et qu’il va la prendre en compte.

Attendez…

C’est le moment où votre patience sera mise à rude épreuve.

Encouragez votre enfant

Des phrases telles que “Je te remer­cie de m’a­voir écou­té,” “Je com­prend bien que cela néces­site pour toi un effort,” ou “Ce n’est pas très agréable mais effor­çons-nous d’en faire un moment amu­sant, pour­quoi pas ?mon­tre­ront votre empa­thie.

Et vous ?

Comme le pro­pose Anne Pey­mi­rat : “Essayez et voyez par vous-même.”

Ne tablez pas sur la patience où seul le temps aura de l’ef­fet. Pre­nez les choses en mains pour déclen­cher le chan­ge­ment ou l’action.

Cela pour­ra vous paraitre fas­ti­dieux, fati­guant voire usant, mais à la longue, vous aurez de moins en moins besoin de le faire.
Votre enfant fera les choses natu­rel­le­ment, car il se sen­ti­ra res­pec­té.

Cette patience active, véri­table exemple de res­pect de l’autre, per­met de trans­mettre vos valeurs de façon posi­tive.
Elle vous per­met­tra éga­le­ment d’a­voir des rela­tions fami­liales apai­sées.

Vos ados sont les adultes de demain, qui trans­met­tront à leur tour des valeurs posi­tives à leurs enfants et à leur entourage.

Don­nons-leur cette chance !

Juste avant de ter­mi­ner cet article, je suis allée dans la chambre de mon ado, et j’ai atten­du qu’il lève les yeux de son livre. Je l’ai alors remer­cié d’être quand même reve­nu dans la cui­sine pour aider à débar­ras­ser la table, alors qu’il était foca­li­sé sur ses devoirs et sa fatigue. J’ai recon­nu son effort et je lui ai dit que cela me rap­pe­lait une fois de plus qu’il est un gar­çon sympathique.

Dans quelle situa­tion êtes-vous prêt à mettre en œuvre votre patience active ? N’hé­si­tez pas à par­ta­ger dans les com­men­taires ci-dessous !

Bienvenue sur Adolescence Positive !

Photo de Carole Levy

Vous êtes parent, édu­ca­teur ou ani­ma­teur. Vous vous inté­res­sez par­ti­cu­liè­re­ment à la période de l’a­do­les­cence… Vous êtes au bon endroit !

Je m’ap­pelle Carole Levy et je par­tage avec vous mes appren­tis­sages, mes expé­riences et mes connais­sances.

Pour savoir pour­quoi et com­ment, je vous l’ex­plique dans “A pro­pos.”

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4 Commentaires 

  1. Clémentine

    J’ai tes­té pour le “À table”!
    Depuis tou­jours, je criais à mes enfants cette phrase du fin fond de ma cui­sine tout en conti­nuant ma tâche en cours. Bien évi­dem­ment, per­sonne ne répon­dait et j’é­tais obli­gée de réité­rer ma demande plu­sieurs fois. jus­qu’au jour où, ayant lu cette astuce quelque part, je me suis dépla­cée pour annon­cer clai­re­ment à cha­cun : “on mange dans 5 minutes”.
    Quand 5 minutes plus tard je les rap­pe­lais, tout le monde arri­vait immé­dia­te­ment. C’est là que j’ai pris conscience de l’im­por­tance de com­mu­ni­quer en pré­sence de son interlocuteur !

    • Carole Levy

      Mer­ci Clé­men­tine, pour votre témoignage.
      C’est vrai que dès que l’on prend la peine de se “dépla­cer”, on récolte les fruits de notre effort 😉
      A bien­tôt sur Ado­les­cence Positive,
      Carole.

  2. Carole Levy

    Oui, Corinne, je confirme que c’est un inves­tis­se­ment sur le long terme, pas tou­jours facile.
    En avan­çant à petits pas, la tâche est moins rude.
    Carole.

  3. Corinne DESPREAUX

    Oui ! Cet article me laisse songeuse!!!Plus facile à dire qu’à faire,en effet quand on est dans le feu de l’ac­tion et que l’on a deux ados à la maison,plus les tâches ména­gères, le travail,les courses,etc…Enfin je vais essayer,y a du boulot!!!!!

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