Les cris des parents et des enfants rebondissent sur les murs
Chez vous, y a‑t-il des cris ?
Chez vous, je ne sais pas, mais chez moi, oui, il y a des cris. Parfois beaucoup trop. Voire souvent 🙁 .
Vous avez juste envie de dire : stop aux cris (sans crier, bien sûr) …
Mon astuce pour y remédier se trouve en fin d’article.
Je crie : mon ado crie en retour. Vous criez : votre ado hurle et sort de la pièce en claquant la porte.
Vous vous demandez par quel miracle la vitre de la porte de la cuisine ne s’est pas encore brisée.
« Doucement avec la porte ! ».
Là, c’est moi qui ai crié 😉 . Pourtant, cela était inutile, car mon ado n’a rien entendu. Même s’il m’avait entendue, il n’aurait pas capté l’information.
Donc, je récapitule : j’ai crié dans le vide, porte fermée (car claquée au préalable par mon ado), et mon cri a rebondi sur les murs, et m’est revenu en pleine figure. Tel un boomerang.
Après avoir crié, comment un parent se sent-il ?
Si vous êtes comme moi, vous ressentez un mélange de colère, d’exaspération, de dépit, et de découragement après avoir crié. Est-ce que cela ne fait pas un peu beaucoup ?
Pourquoi un parent ressent-il de la colère ?
Vous ressentez de la colère car votre ado vous a énervé. A moins que vous n’ayez été énervé par autre chose avant même de lui avoir adressé la parole ? Vous ne savez plus trop. Bref, vous êtes en colère !
Pourquoi un parent ressent-il de l’exaspération ?
C’est toujours le même scénario : on prend les mêmes et on recommence. Il n’y a pas moyen de se parler calmement dans cette maison. Cela vous met dans un état de tension permanent.
Pourquoi un parent ressent-il du dépit ?
Vous mesurez votre impuissance. Rien ne se passe comme il faudrait, comme vous voudriez. Même si ce dépit ne dure pas, cette sensation, répétitive, est usante et vous épuise.
Pourquoi un parent ressent-il du découragement ?
Cette accumulation de sentiments négatifs a entamé une grosse partie de votre capital énergie de la journée, ou du peu qu’il vous restait ce soir en rentrant. Vous n’avez plus assez de force pour faire face à cette nouvelle crise.
Vous ne voyez pas comment éviter ce genre de situations, vous n’avez pourtant pas l’impression de demander la Lune à votre ado.
Après avoir hurlé, comment votre ado se sent-il ?
Saviez-vous que votre ado ressentait au même instant les mêmes émotions que vous ? Curieusement, ces émotions n’ont pas forcément les mêmes sources que les vôtres. Votre ado a même droit à un bonus d’émotions négatives. Lisez ce qui suit …
Pourquoi votre ado ressent-il de la colère ?
Votre ado ressent de la colère tout simplement parce que vous lui avez “crié dessus”.
Pourquoi votre ado ressent-il de l’exaspération ?
Votre ado est exaspéré car il a l’impression de ne pas pouvoir “en placer une” sans que vous vous énerviez.
Pourquoi votre ado ressent-il du dépit ?
Votre ado aimerait bien que vous cessiez de lui “prendre la tête” pour tout et pour rien. Cela le fatigue.
Pourquoi votre ado ressent-il du découragement ?
La situation se répète inlassablement. Votre ado a l’impression que cela ne changera jamais.
Comme annoncé précédemment, votre ado ressent, en bonus, de l’incompréhension.
Pourquoi votre ado ressent-il de l’incompréhension ?
Votre ado ne comprend pas que cela soit si grave de ne pas avoir sorti ses affaires de piscine de son sac, ou qu’il ait oublié de ranger son bol dans le lave-vaisselle.
Voulez-vous continuer à vivre dans cette atmosphère de cris ?
C’est clair, la réponse est NON. Voici des pistes pour changer la donne.
Comprenez l’origine de vos cris : première étape pour changer la donne dans votre relation parent-enfant
De nombreuses raisons peuvent vous amener à crier. En voici quelques unes, parmi les plus courantes …
Vous êtes stressé
Qui ne l’est pas ? C’est notre lot quotidien.
Vous pensez que votre enfant se moque de vous
Vous lui avez répété les consignes, encore et encore. S’il ne les pas suivies, vous pensez que c’est parce qu’il ne veut pas vous obéir.
Vous vous projetez dans l’avenir ou dans le passé et cela vous angoisse
La semaine prochaine, vous devez vous absenter plusieurs jours pour votre travail, et vous allez retrouver la maison sens dessus dessous, comme la dernière fois.
Vous avez eu une mauvaise journée
Face à des clients versatiles, ou à un patron en désaccord avec vos méthodes, vous su contenir votre tension toute la journée . Et, vous aimeriez trouver un peu de réconfort dans votre “home sweet home”.
Vous avez eu une excellente journée et votre ado tente de vous la gâcher
Vous vous sentez boosté, car vous avez résolu de nombreux problèmes aujourd’hui. Tout a été conforme à vos attentes, et il faudrait que cela continue à la maison.
Vous réagissez comme s’il y avait un danger grave et imminent
Comme il n’a pas encore pris sa douche, cela bouleverse votre planning. Donc vous ne pourrez pas faire ce qui était prévu ce week-end. Cela va mettre en péril votre vie 😉 .
Mettez-vous à la place de votre ado : deuxième étape pour changer la donne dans votre relation parent-enfant
Votre ado a eu une mauvaise journée
Votre ado a eu une mauvaise journée, et il n’arrive pas à vous en parler. Son ami Adrien a décidé de ne plus lui adresser la parole. En plus, ses parents sont énervés alors qu’il pense n’avoir rien fait de mal (ou de grave en tous cas).
Votre ado a eu une journée géniale
Euh, non, ça c’est de la science fiction.
Un événement important pour votre ado a eu lieu dans la journée : il a reçu une invitation pour le week-end prochain, pour une fête chez Romain. Il veut vous en parler, mais vous l’engueulez parce ses chaussures ne sont pas rangées. Ne pouvant pas partager ce qui est important pour lui avec ses parents, votre adolescent se sent frustré.
Votre ado ne comprend pas que vous vous énerviez
Ce que votre enfant ne comprend pas, c’est pourquoi ses parents s’énervent tout le temps, quoi qu’il fasse, ou qu’il ne fasse pas.
Votre ado en a marre des cris
Vous criez tout le temps (enfin, c’est ce qu’il pense, moi, je ne sais pas). Vous lui cassez les oreilles, et il s’en fiche que le lave-vaisselle ne soit pas vidé, alors qu’il est rentré depuis deux heures et qu’il aurait pu le faire.
Stoppez les cris progressivement : troisième étape pour changer la donne dans votre relation parent-enfant
Identifier les situations délicates : mon astuce
Crier, cela est utile pour prévenir d’une danger imminent : “Pousse-toi ! Le vase en cristal de Mamie est en train de tomber !“
J’ai donc décidé de ne plus utiliser les cris comme mode permanent de communication. Pour me soutenir, j’ai créé une affiche, que j’ai mise à disposition de mes ados, en l’accrochant sur le mur de la cuisine. Cette affiche se trouve à un endroit stratégique pour toute la famille : à côté du frigidaire.
Le titre de l’affiche est : “JE TROUVE EXAGÉRÉ QUAND MAMAN OU PAPA CRIE(NT) POUR :”
Au début, j’ai été surprise de leurs annotations.
Grâce à ce tableau, j’ai pu identifier les situations pour lesquelles, selon mes ados, les cris n’apportaient rien.
Après tout, je leur avais donné la parole. Et j’étais plutôt d’accord avec leurs remarques.
Le Slogan en bas de page est : “JE DONNE MON AVIS”
Focalisez votre attention sur une ou deux situations délicates
Vous pouvez y aller progressivement. Engagez-vous par exemple auprès de votre ado, à ne plus crier pour une situation donnée, pour les trois jours à venir. Un exemple : “ne plus crier quand il ne débarrasse pas la table assez rapidement”.
Votre ado notera votre changement d’attitude, et sera plus enclin à faire des efforts pour prendre en compte vos besoins de parents.
Quand vos réactions sur cette situation délicate se seront améliorées, mobilisez vos efforts sur une autre situation de la liste, pour les trois jours suivants.
Et ainsi de suite.
Mettez l’accent sur vos victoires de parents
Parlez avec enthousiasme avec votre ado, de votre satisfaction d’avoir surmonté vos émotions négatives menant aux cris.
“Hey ! Je ne crie plus sur cinq situations que tu as décrites, je suis trop contente !”
Acceptez les remarques de vos enfants avec humour
Un peu d’auto-dérision ne fait pas de mal. Il m’est en effet arrivé de crier, car mon ado ne m’aidait pas à monter les courses du garage, et à les ranger. Mais il prenait sa douche à ce moment-là 😉 .
Pour la petite histoire, la réaction de mes ados
Découverte de l’affiche “Maman et Papa crient”
Quand mon ado de onze ans a découvert l’affiche dans la cuisine :
- C’est toi qui a fait ça ?
- Non, c’est le père Noël.
- Pourquoi l’as-tu mise dans la cuisine ?
- Je l’ai mise dans la cuisine pour que nous puissions tous les quatre y accéder facilement, tout en restant discrets.
- Où as-tu trouvé ces fleurs et ces lettres ?
- Dans des magazines.
- Je n’ai pas d’idées.
- Cette affiche est à ta disposition. Tu peux écrire tes idées quand tu en as, si tu en as envie.
Mon ado met son grain de sel
Quand il a découvert le tableau, mon ado de treize ans y a placé des tirets :
- Il n’y en a que huit. On mettra des colonnes, ça va dépasser.
- S’il n’y a plus de place, j’ajouterai des feuilles blanches.
- Tu ne vas pas recommencer la feuille à chaque fois.
- C’est effectivement inutile.
Un trait d’humour entre parents et enfants
L’un des deux frangins m’a demandé d’accrocher une autre affiche, sur laquelle il pourrait écrire ce qui l’énerve chez son frère. Je lui ai donc demandé de s’en charger et de l’afficher, ce à quoi il m’a répondu nonchalamment : “Finalement, non. Il y aurait trop à écrire”.
Les remarques écrites par mes ados sur leurs parents
JE TROUVE EXAGÉRÉ QUAND MAMAN OU PAPA CRIE(NT) QUAND :
- je ne fais pas bien quelque chose ou que je fais l’inverse si j’ai mal entendu.
- je m’appuie sur l’étagère de la cuisine.
- Maman me demande un truc et que je lui demande “Pourquoi ?”
- je demande “Est-ce qu’on peut passer à table ?”
- je critique “Un dîner presque parfait” ou quand je fais des commentaires devant la télévision.
- Parce qu’on joue tranquillement.
- je demande s’il reste des “burritos”.
- on n’a pas encore débarrassé la table.
- je suis censé ranger les courses alors que je suis en train de me doucher.
- on ne s’essuie “pas assez bien” les mains.
Et vous, allez-vous accrocher une affiche “Stop aux cris” sur le mur de votre cuisine ?
Libre à vous de laisser dans les commentaires, des pistes sur lesquelles “travailler” pour éviter les cris entre parents et enfants 😉 .
Merci pour votre participation !
Bonjour je crie presque chaque soir sur mon ado pour une seule et unique raison : pour qu’il arrête de jouer à la console et descende manger. Ça n’est plus possible, je suis épuisé et comme vous l’expliquez, je me sens dépassée, incapable. Je précise que j’eleve seule, je n’ai donc plus de relai paternel pour prendre la relève lorsque je sens que je vais craquer, et hurler. Je suis tiraillée entre mon attitude naturelle, assez tolérante (après tout s’il veut jouer…) Et tous les messages éducatifs, les injonctions et croyances que j’entends partout… (Le repas DOIT de faire en famille, les parents DOIVENT poser des limites aux ados sinon ils deviendront des adultes irresponsables, les adultes DOIVENT montrer l’exemple et garder leur calme…). Je lis aussi bcp que si mon fils a du mal à décrocher de sa console c’est de ma faute de toute façon, soit parce que je l’ai mal éduqué soit parce que c’est moi qui lui ai acheté (après tout j’avais qu’à lui acheter un vélo…)
, Voire même, parce que je ne passe pas assez de temps avec lui.
Mais votre approche est différente, elle ne me fait pas culpabiliser, elle ne se situe pas sur la morale ou sur le modèle de parents parfaits qui n’existent pas… Elle n’essaye pas, si je comprends, de faire changer le fond car il ne changera hélas pas, mais de trouver comment l’aménager et vivre avec. J’ai des défauts, mon fils à des défauts. La colère fait partie de nos personnalités, j’ai beau faire bcp de méditation elle ne partira jamais. Mais nous avons aussi des qualités, comme la créativité, la curiosité, la bienveillance, sur lesquelles je pense pouvoir m’appuyer. Et essayer de positiver…
Merci
Bonjour,
Merci pour votre témoignage sur mon approche, cela me fait très plaisir !
En effet, il est très difficile de ne pas culpabiliser, car nous voulons tous ce qu’il y a de mieux pour notre famille.
Quelques petites choses sur lesquelles je ne suis pas d’accord avec vous :
* ” … cette démarche n’essaye pas de faire changer le fond, car il ne changera pas, hélas” : Le “hélas” me gêne. D’autant plus que je crois que le fond change car nous le percevons différemment. Du coup, les choses évoluent.
* “j’ai beau faire beaucoup de méditation, la colère ne partira jamais” : je ne suis pas d’accord avec le “jamais”. La colère peut elle aussi aller voir ailleurs, si ça lui chante. Ou décider de rester sans vous faire de mal, en se faisant toute petite.
Il se peut aussi que la méditation ne soit pas votre tasse de thé. Vous pouvez essayer d’autres méthodes, comme la sophrologie, que personnellement j’apprécie beaucoup.
A bientôt sur Adolescence Positive.
Carole.
Pour que votre ado arrête de jouer sur sa console et descende manger, je vous conseille également cet article : La patience active en six étapes
Merci Silvia,
Si ta fille se couche à 22 heures et qu’elle se lève fraiche et dispose le lendemain pour aller en cours, pourquoi pas ?
Il est très important de ne pas terminer sa journée par un rituel du conflit.
Je te conseille mon article : Convaincre votre enfant de se coucher : une idée simple et efficace, que tu pourras adapter à ton quotidien.
Carole.
Très chouette article. Moi, je n’ai toujours pas trouvé comment faire en sorte que mon ado (râble) fille se couche et éteigne la lumière vers 22h .…. Si tu as un truc .… Merci !
Bonjour Silvia,
Merci pour ton retour.
Ne plus crier au moment du coucher est aussi une bonne astuce pour un coucher serein.
Si ta fille est en forme le lendemain matin, difficile de la convaincre de se coucher avant 22h, surtout que la sécrétion de la mélatonine, qui nous donne envie de dormir, se décale à l’adolescence.
Je propose à mon fils des activités calmes et surtout zéro écran après le repas. Je sais, c’est très difficile …
A bientôt sur Adolescence Positive,
Carole.