Mon Ado est Amoureux | Comment Réagir et l’accompagner ?

Crédits photo : Karen War­fel

Au secours, je crois que mon ado est amou­reux.
Il se pour­rait même qu’il soit « en couple » .
Dans les livres et revues spé­cia­li­sés, dans les repor­tages, on entend sur­tout par­ler de la décou­verte de la sexua­li­té par les ado­les­cents. Mais qu’en est-il de l’émotion amou­reuse, du sen­ti­ment ?

« Ah ! Mais c’est com­plè­te­ment rin­gard, ce truc, c’est pour les romantiques » .

L’a­mour « che­wing-gum » : « je te prends, je te mâche et je te jette », par SMS ou par le biais des réseaux sociaux, est-il valable pour tous en ce début de 21e siècle ? Est-ce cela que nous sou­hai­tons mon­trer comme exemple à nos ados amou­reux ?

Je te laisse y réfléchir 😉

Mon ado est amoureux

Dès leur plus jeune âge, en tant que parents, nous n’avons pas mis de tabous sur la pos­si­bi­li­té de par­ler de sexua­li­té avec nos deux enfants.
Lors de nos dis­cus­sions avec eux, nous leur avons aus­si et sur­tout ensei­gné nos valeurs, à savoir l’amour, la ten­dresse, et le res­pect de l’autre, le consen­te­ment à la base de toute rela­tion.

Je me trou­vais vrai­ment « super cool », presque la « mère idéale », d’au­tant plus qu’à leur âge, ni plus tard d’ailleurs, je n’a­vais pas pu avoir ce genre de conver­sa­tion avec mes parents. ET POURTANT…

Quand notre fils aîné nous a décla­ré qu’il avait une « petite amie », son atti­tude glo­bale s’est modi­fiée et nous a un peu désar­çon­nés. Et je n’é­tais plus du tout « super cool », encore moins la « mère idéale ».

J’ai sou­hai­té par­ta­ger avec toi mon ana­lyse de cette situa­tion nou­velle, dont je crois m’être sor­tie sans trop de bobos à l’âme.

La découverte des relations, l’ado amoureux

Ce sen­ti­ment amou­reux, cette nou­velle atti­rance pour l’autre, sont par­fois désta­bi­li­sants, sur­tout au début.

  • Ton ado est désta­bi­li­sé, et pas qu’un peu.
  • Tu es désta­bi­li­sé en tant que parent, enfin, au moins la pre­mière fois, avoue-le 😉 ,
  • Le groupe d’amis de ton ado est déstabilisé.

Ver­ba­li­ser ce malaise, en tant que parent, peut t’ai­der à limi­ter les conflits avec ton enfant :

« Nous sommes tous un peu désta­bi­li­sés par cette nou­velle situa­tion, et nous allons apprendre à la gérer nor­ma­le­ment ».

Le seul fait de par­ler avec ton ado de la décou­verte des rela­tions amou­reuses permet :

  • de lui trans­mettre tes valeurs,
  • mais aus­si de « vali­der » que lui aus­si est sor­ti de l’enfance pour construire son iden­ti­té.

Et ce n’est pas rien !

Le premier amour est très important

Ma fille de 14 ans est amou­reuse, mon fils de 16 ans a une petite amie…
L’âge importe-t-il ?

Déjà, si ton ado t’a par­lé de ses sen­ti­ments amou­reux, c’est que cette his­toire a de l’im­por­tance pour lui.

S’il ne t’en a pas par­lé, et que tu l’as appris par hasard, ou que tu t’en doutes, c’est plu­tôt par pudeur que par manque de confiance.
S’il ne t’en a pas par­lé, voie si tu sou­haites le faire (ou pas), en finesse et sans juge­ment.

Être amou­reux « si jeune » peut te paraitre vide de sens. Tu te dis peut-être, en rai­son­nant avec ton vécu d’a­dulte :
« Que connait-on de l’a­mour à cet âge, et de ses impli­ca­tions ? C’est du grand n’im­porte quoi ! »
Sou­viens-toi de ton pre­mier amour d’é­cole et de tes pre­miers émois : ne t’ont-ils pas marqué ?

Si cette rela­tion te paraît n’être qu’une « amou­rette » pour toi, elle est impor­tante pour ton ado.

Par son pre­mier amour, il sort de l’enfance pour s’attacher à une per­sonne hors de la cel­lule fami­liale.

Questionne-toi

Quel est ton res­sen­ti ? Que pense-tu de cette situation : 

  • C’est bizarre ?
  • C’est désa­gréable ?
  • Cela te fait plai­sir ?
  • Cela te rap­pelle de bons sou­ve­nirs ?
  • Tu as peur que ton ado souffre, ou qu’il fasse « des bêtises » ?
  • Tu crains une pos­sible rup­ture amou­reuse qui pour­rait conduire au cha­grin d’a­mour ?
  • Cela t’est égal, tu as d’autres chats à fouetter ?

Ton ado n’est pas toi

Au delà de ce que tu res­sens, il te faut dif­fé­ren­cier tes propres expé­riences de celles de ton ado.
Dis-toi aus­si que l’adolescence est l’âge :

  • des pas­sions,
  • de la recherche d’émo­tions fortes et intenses,
  • des rela­tions fusion­nelles.

L’ado voit son-sa « petit‑e ami‑e » comme un double de lui-même, ou comme une réponse à ce qui lui manque.

Ce que tu peux rappeler à ton ado

Il peut alors être impor­tant de rap­pe­ler, si néces­saire, à ton ado :

  • qu’il a une valeur propre, c’est d’ailleurs pour cela que l’autre l’aime.
  • Que même lorsqu’il a un « amou­reux » , il conti­nue à exis­ter en tant que per­sonne unique.
  • Qu’aimer quelqu’un ne veut pas dire adap­ter, voire chan­ger, tous ses com­por­te­ments, ses opi­nions et ses valeurs en fonc­tion de l’autre.
  • Qu’aimer n’est pas non plus pen­ser à l’autre à chaque seconde et s’empêcher de faire ce qu’il aime faire nor­ma­le­ment : sport, théâtre, sor­ties avec des amis, acti­vi­tés en famille, etc.
  • qu’il est res­pon­sable de sa san­té au sens large : som­meil, ali­men­ta­tion, besoins d’ac­ti­vi­tés phy­siques, hygiène, etc.
  • qu’il existe un prin­cipe de réa­li­té incon­tour­nable, selon lequel cer­taines choses doivent être faites quoi qu’il se passe : à vous de le défi­nir ensemble (un petit exemple ano­din : pour­suivre sa scolarité).

La jalousie (inconsciente) des parents ou de la fratrie

Les parents ou les autres membres de la fra­trie peuvent incons­ciem­ment éprou­ver une cer­taine jalou­sie envers cet intrus qui vient leur « voler » leur enfant, leur frère ou leur sœur.

Je peux même vous confir­mer, si, si, que cer­tains parents ne se privent pas de le pen­ser consciem­ment et de le dire … C’est très mal­adroit, sur­tout si au final « l’intrus » en ques­tion devient le père ou la mère de leurs futurs petits-enfants.

Les parents voient l’amour et l’attachement qu’ils pou­vaient consi­dé­rer comme leur étant réser­vé, détour­né vers une autre per­sonne. Ils constatent éga­le­ment que leur enfant vit des moments extra­or­di­naires sans eux.

Mais quelle chance !

Si je me sou­viens bien, j’ai vécu des moments extra­or­di­naires avant la nais­sance de mes enfants, et toi aus­si j’en suis sûre …
Après leur nais­sance, ces moments extra­or­di­naires ont été par­ta­gés avec eux, mais il y en a eu aus­si sans eux, peut-être pas suf­fi­sam­ment pour que tu t’en sou­viennes, mais il y en a eu quand même.

Si ton quo­ti­dien est cen­tré sur le bon­heur exclu­sif en famille, cela va te faire du chan­ge­ment.

Il te fau­dra trou­ver de nou­velles sources de bon­heur ou renouer avec les anciennes.
J’ai confiance en toi, tu as de la res­source !

Adolescence et amour : faire preuve de plus d’ouverture et d’écoute

Il nous faut nous ajus­ter à cette situa­tion nou­velle, tout en veillant à ne pas pla­cer cette rela­tion au centre de notre vie de famille.

Pas facile, mais nécessaire 🙂

Accepter de ne pas être au courant de tout

Un parent montre de l’inté­rêt pour son enfant en lui posant des ques­tions sur sa jour­née, ses acti­vi­tés. C’est clair.

Mais vou­loir tout savoir dans le détail, outre le fait que cela deman­de­rait beau­coup de temps, peut être vécu comme une intru­sion dans son inti­mi­té … et puis votre ado n’a pas for­cé­ment envie de vous racon­ter cer­taines choses qu’il juge, lui, sans impor­tance.

Rester respectueux

Même si tu penses que cet amour ne dure­ra pas, le dire à ton ado ne va pas appor­ter du grain à moudre à ton moulin.

S’il com­met des mal­adresses et qu’il t’en parle, se moquer de lui lui cou­pe­ra toute envie de se confier à nouveau.

Si il se confie, c’est qu’il a besoin de ta bien­veillance.

S’il n’a pas envie de don­ner de détails « crous­tillants » , tu peux le com­prendre, ses frères et sœurs aus­si.

Être heureux pour son adolescent

Le sen­ti­ment amou­reux est vec­teur de bon­heur, sur­tout quand il est réci­proque, alors soyons heu­reux pour nos ados.

Ne pas comparer son attitude avec celle de sa « moitié »

Quand le com­por­te­ment de ton ado te contra­rie, il n’ap­pré­cie­ra pas que tu lui dises par exemple :

« Et tu crois que ton ami‑e a lui-elle aus­si, lais­sé tom­ber ses devoirs ? Cela m’é­ton­ne­rait …» .

Un ado n’aime pas être com­pa­ré à son frère, à sa sœur, à l’enfant de votre col­lègue, à ses amis, etc.

Pour­quoi ?

Tout sim­ple­ment parce qu’il est unique, tout comme toi.

Accepter d’être comparé aux autres parents sans le prendre pour une attaque personnelle

C’est ici que cela devient un peu difficile …

Je m’ex­plique : toi tu ne com­pares pas ton ado à quel­qu’un de son âge, mais lui, va par­fois prendre la liber­té de te com­pa­rer aux parents de ses amis, même aux parents de son-sa petit‑e ami‑e !

Le comble !

« Eux, ils sont super cool. Toi, tu es com­plè­te­ment coin­cé et tu me prives de toutes me liber­tés » , etc.

Pour un ado, c’est tou­jours mieux chez les autres. Cela peut être pour vous l’oc­ca­sion de lui expli­quer que :

  • lors­qu’on ne vit pas « à temps plein » avec des per­sonnes, on ne sait pas tout d’elles,
  • les « autres » parents ont avec votre ado un autre com­por­te­ment qu’a­vec leur propre enfant, car ils ne sont pas leur auto­ri­té de réfé­rence.
  • vous avez des règles fami­liales, que vous pou­vez en dis­cu­ter pour éven­tuel­le­ment les assou­plir, mais que vos valeurs res­tent les mêmes.

Respecter son intimité… bien encadrée

Connaitre les limites de l’in­ti­mi­té des jeunes amou­reux est par­fois dif­fi­cile.
Selon son âge, tu peux défi­nir avec ton ado ce qui est accep­table et ce qui ne l’est pas, en par­ti­cu­lier à la maison.

Ne pas trop s’inquiéter du « candidat »

Si la tête ou le carac­tère du-de la petit‑e ami‑e de votre ado ne te revient pas, le lui dire risque de lui don­ner envie de dis­tendre son lien avec toi, et de vivre sa rela­tion en s’é­loi­gnant de toi.
Si c’est le com­por­te­ment ou les (mau­vaises) fré­quen­ta­tions de « l’autre » qui t’a­larment, tu peux faire part de ton inquié­tude à ton ado, et lui deman­der de res­ter vigi­lant sur cer­tains aspects, tout en lui renou­ve­lant ta confiance :

« Je sais que tu ne vas pas te mettre en dan­ger » .

Être à l’écoute de notre enfant et l’informer

Sans entrer dans des grands dis­cours théo­riques (et bar­bants) sur les rela­tions amou­reuses et la sexua­li­té, tu peux lui mon­trer que tu es atten­tif à ce qu’il vit, en répon­dant à ses inter­ro­ga­tions.

Partager nos expériences de parents

Il ne s’a­git pas de racon­ter tes pre­miers émois amou­reux à ton ado… mais de dis­cu­ter avec d’autres parents qui vivent ou ont vécu les mêmes expé­riences, et de savoir com­ment ils les ont gérées.

Cela te don­ne­ra des pistes de réflexion et te per­met­tra éven­tuel­le­ment de modi­fier ton approche avec ton ado.

Voi­là… Main­te­nant, à toi la parole : ton ado est amou­reux, tu as été un ado amou­reux, quelle est ton expé­rience en la matière ?

J’ai hâte de te lire dans les commentaires…

Res­source uti­li­sée pour écrire cet article :

Les psy-trucs pour les ados de 12 à 15 ans

13,50

Vous sou­hai­tez amé­lio­rer votre entente avec votre ado afin de rendre votre tâche de parent plus agréable et construc­tive ? Ce cin­quième titre de la col­lec­tion des “Psy-trucs” four­nit des réponses claires aux ques­tions que bien des parents se posent concer­nant le déve­lop­pe­ment de leurs jeunes de 13 à 16 ans. 

Bienvenue sur Adolescence Positive !

Photo de Carole Levy

Vous êtes parent, édu­ca­teur ou ani­ma­teur. Vous vous inté­res­sez par­ti­cu­liè­re­ment à la période de l’a­do­les­cence… Vous êtes au bon endroit !

Je m’ap­pelle Carole Levy et je par­tage avec vous mes appren­tis­sages, mes expé­riences et mes connais­sances.

Pour savoir pour­quoi et com­ment, je vous l’ex­plique dans “A pro­pos.”

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2 Commentaires 

  1. Estrella

    Bon­jour,
    Ma fille se sca­ri­fie (nous venons de le décou­vrir par hasard il y a 10 jours) et une des rai­sons est qu’elle pense être bi-sexuelle à 14 ans… Elle nous parle libre­ment mais cela reste très dif­fi­cile pour elle :
    elle se pose bq de ques­tions et ses parents aussi.
    votre site est très bien fait et je m’y pen­che­rai plus en pro­fon­deur ce week-end.
    ven­dre­di 23 février 2018

    • Carole Levy

      Bon­jour Estrella,

      Mer­ci pour votre témoi­gnage. A 14 ans, ce n’est pas inquié­tant de ne pas être cer­tain de ses orien­ta­tions sexuelles. Je connais une jeune fille qui se pose encore cette ques­tion à 18 ans …
      L’a­mour, c’est le res­pect de l’autre, quelque soit son genre.
      La sca­ri­fi­ca­tion est un appel au secours, je vous laisse lire cet article : Sca­ri­fi­ca­tions chez l’Adolescent : les appré­hen­der en 6 étapes

      Cou­rage à vous,

      Carole.

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